Leur présence en Algérie à l’occasion de la célébration du 70e anniversaire du déclenchement de la lutte de libération nationale n’est pas passée inaperçue. Rosangela Mattei, petite-fille d’Enrico Mattei, Vo Hong Nam, fils de Vo Nguyen Giap, Pablo Sepulveda Allende, petit-fils de l’ancien président chilien Salvador Allende, Zwelivelile Mandela, petit-fils de Nelson Mandela et Aleida Guevara, fille de Che Guevara, ne sont pas venus pour assister aux festivités auxquelles ils ont été conviés comme de simples invités ou de potentiels partenaires dont le déplacement est synonyme de contrats juteux et de relations d’affaires florissantes. Rien de tout cela ! L’héritage révolutionnaire et humanitaire qu’ils représentent est mille fois plus précieux et plus porteur que toutes les transactions à coups de milliards de dollars. Les médias internationaux, notamment ceux appartenant au monde dit libre, qui prétendent évoluer dans une démocratie exemplaire où la liberté d’expression aurait atteint un niveau de la sacralité, savent pertinemment ce que représentent aux yeux de l’opinion internationale ces personnalités venues de tous les continents. C’est pourquoi ils n’ont pas hésité à renier tous les principes qu’ils sont supposés respecter, occultant un tel événement, dans le meilleur des cas, ou le banalisant à l’extrême. Enrico Mattei est un homme politique italien de grande envergure, qui n’avait pas hésité durant la guerre froide à défier l’OTAN et les Américains, en soutenant les mouvements de libération contre les puissances colonisatrices. L’histoire retient qu’il avait fait de l’indépendance de l’Algérie une question de principe. Son assassinat en octobre 1962 n’a jamais été élucidé, même si des services de renseignements occidentaux ont été ouvertement accusés. Un élément est néanmoins sûr : Enrico Mattei dérangeait de nombreux intérêts, français et américains entre autres, et avait réussi à ébranler l’ordre capitaliste mondial. Vo Nguyen Giap est un homme politique et un militaire vietnamien. Il est entré dans l’histoire après la bataille de Diên Biên Phu (1954) qui a été une défaite retentissante pour l’armée française. Il a été l’un des concepteurs de la guerre révolutionnaire. Salvador Allende, ancien président du Chili, a été victime d’un coup d’État fomenté en septembre 1970 par la CIA. Les Américains ne voulaient surtout pas que son expérience socialiste traverse les frontières de son pays. Nelson Mandela, leader incontestable de la lutte contre le système ségrégationniste de l’Apartheid, s’est longuement inspiré du combat libérateur algérien. C’est en Algérie, quelque mois après l’indépendance, qu’il était venu suivre une courte formation militaire. Quant à Ernesto Che Guevara, le révolutionnaire emblématique dont le combat a inspiré et inspire toujours des millions de jeunes à travers le monde, son discours prononcé à Alger en 1965 est considéré comme un testament et son héritage révolutionnaire a traversé toutes les frontières. La présence de cette lignée en Algérie est certainement porteuse d’un message symbolique de première importance. Elle est plus qu’une cérémonie protocolaire, c’est un signe de solidarité affiché à l’égard d’une révolution et d’un pays dont l’histoire est une suite continue de résistance.
Mohamed Mebarki
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