Malgré la décision de l’État de subventionner les prix du café à différents niveaux de la chaîne de distribution pour enrayer la flambée des prix au détail, le marché reste soumis à des turbulences, avec des pénuries soudaines d’un côté et des hausses de prix de l’autre. Qui est responsable ? Pour le ministre du Commerce, Tayeb Zitouni, il n’y a aucun doute : ce sont les importateurs et les transformateurs du produit, accusés de « jouer un jeu trouble ». En marge de l’ouverture du Salon national de la production et de l’exportation à Constantine, Zitouni a averti que « l’État va frapper fort », expliquant que son département avait pourtant tenu à associer les différents acteurs de la filière, importateurs et transformateurs inclus, dans l’élaboration du décret exécutif relatif au plafonnement des prix du café et des marges bénéficiaires. « Hélas, ils (importateurs et torréfacteurs, NDLR) n’ont pas respecté leurs engagements envers l’État et les citoyens », déplore le ministre, ajoutant qu’avec la crise qui secoue actuellement le marché du café, « les masques sont tombés ». Il accuse certains acteurs d’avoir agi contre le décret présidentiel dans le but de retarder son application, afin de continuer à vendre leurs anciens stocks aux prix actuels du marché, générant ainsi des bénéfices astronomiques. Pour maintenir la hausse des prix, les importateurs auraient également cessé d’importer de nouvelles quantités de café, selon les premiers éléments d’une enquête menée par les services du ministère. Cette enquête révèle également que d’importantes quantités de café sont détournées vers le marché noir, avec des marges bénéficiaires très élevées à tous les niveaux. Zitouni a également levé le voile sur un autre phénomène : la collusion entre importateurs et organisations de protection des consommateurs, qu’il accuse de devenir « les avocats des importateurs, plutôt que de défendre les intérêts des consommateurs ». Bien qu’il ne souhaite pas généraliser, le ministre laisse entendre que le soutien de certaines associations en faveur de ceux qui contrôlent le marché du café ne se fait pas sans contrepartie financière. « L’État a pris toutes les dispositions pour que le café soit disponible et accessible à toutes les familles. Il sera désormais distribué par des entités publiques, comme AGRODIV et d’autres », informe le ministre. Et d’avertir : « L’État frappera d’une main de fer ceux qui s’amusent à jouer avec le pouvoir d’achat des citoyens, un engagement majeur du président Tebboune lors de sa campagne électorale. » À bon entendeur !
H. Khellifi
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