La question relative à la retraite anticipée est de nouveau en haut de l’affiche. En vérité, elle n’a jamais cessé de constituer une préoccupation majeure pour une grande partie des travailleurs, qui veulent en bénéficier pour des raisons personnelles ou pour des aspects liés à la nature de leur travail. La dernière réforme de ce système a certes apporté quelques ajustements, mais il reste beaucoup à faire pour arriver à une meilleure compréhension d’une mesure dont les conditions d’applications contiennent plusieurs zones d’ombre. Une situation due essentiellement à la précarité financière de la Caisse nationale des retraites. En déficit chronique depuis 2015, la CNR est obligée de puiser chaque année dans le budget de l’État pour honorer ses engagements. Ce qui complique quelque peu la tâche des commissions chargées de soumettre au gouvernement des propositions pour un retour sans condition de la retraite proportionnelle. Un retour rejeté par l’APN, qui plaide par contre pour l’amendement de l’article 6 de la loi relative aux conditions d’accès à la retraite, en se basant sur deux conditions principales : le postulant à la retraite doit avoir atteint l’âge légal de la retraite, qui est de 60 ans pour les hommes et de 55 ans pour les femmes, ou bien avoir complété une durée de travail de 32 ans minimum. Quelles sont donc les dérogations permettant aux Algériens de bénéficier des exceptions à la règle de l’âge légal de 60 ans ? Ces dérogations, a-t-on indiqué, visent à « soutenir certaines catégories de travailleurs confrontés à des situations particulières ». Ces dernières n’ont cependant pas encore été définies explicitement. Si les femmes peuvent bénéficier d’une retraite anticipée dès l’âge de 55 ans sur simple demande et qu’en plus, celles ayant élevé un ou plusieurs enfants pendant au moins neuf ans peuvent voir leur âge de départ à la retraite réduit d’un an par enfant, dans la limite de trois ans, la liste des métiers classés pénibles n’a jamais été explicitée. Quant aux travailleurs victimes d’un handicap total et définitif, mais ne remplissant pas les conditions d’âge pour bénéficier d’une pension d’invalidité dans le cadre de l’assurance sociale, ils peuvent prétendre à une retraite, à condition d’avoir justifié au moins quinze années d’assurance. En clair, le retour de la retraite proportionnelle et sans condition d’âge demeure conditionné par des paramètres qui ne sont pas réunis. Déjà en 2021, le gouvernement avait refusé de répondre favorablement aux revendications soulevées à l’époque par des syndicats de l’éducation, mettant en relief les difficultés financières de la CNR. « Au regard de la situation financière de la CNR et la non-disponibilité de ressources financières supplémentaires, le retour au régime de retraite proportionnelle sans condition d’âge, qui était une mesure exceptionnelle à la base, n’est pas de mise pour le moment », avait-on justifié. En mai 2020, l’ancien directeur général de la CNR, Slimane Mellouka, avait déjà soutenu l’impossibilité du retour vers le système de retraite anticipée, soulignant que la revalorisation des pensions de retraite a coûté à la Caisse plus de 300 milliards de dinars durant les dix dernières années.
Mohamed Mebarki
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