Carrefour industriel, commercial, culturel et universitaire de premier plan, Sétif, chef-lieu d’une wilaya de plus de 2,8 millions d’habitants, est une grande agglomération en théorie. Cependant, cette cité, qui accueille quotidiennement des milliers de visiteurs, manque cruellement d’équipements essentiels. Elle est dépourvue d’une bibliothèque digne de ce nom, d’un hôpital aux normes et à la hauteur des besoins d’une grande ville universitaire, d’un observatoire musical, d’une annexe de la bibliothèque nationale (dont la création a été décidée, puis abandonnée), et même d’une gare routière moderne, remplacée par une gare intermodale mal pensée, résultat de décisions bureaucratiques qui ont gaspillé le foncier. Ce même manque de vision a pénalisé la ville dans d’autres domaines, comme le montre le projet de complexe sportif de 50.000 places, initié en 2007 mais toujours au point mort. Le tramway, dont le tracé défavorise le centre-ville, a encore aggravé les problèmes de circulation, et le stationnement est devenu un véritable casse-tête pour habitants et visiteurs, harcelés par les contraventions. À cela s’ajoute la rue de Constantine, où une grande partie de la chaussée est désormais interdite aux automobilistes, notamment près des anciens cinémas « ABC » et « Colisée ». Les conducteurs, à contrecœur, doivent recourir à des « gardiens autoproclamés » de parkings improvisés, ce qui prive la collectivité de recettes et soumet les automobilistes à des individus qui n’hésitent pas à imposer leur loi. Malgré l’absence de parkings à étages, ce problème n’a jamais été une priorité pour les autorités, singulièrement pour ceux de l’hôtel de ville. Un parking a été créé près de la gare routière – qui n’a de gare que le nom – mais il est situé en périphérie, loin des principaux points d’intérêt de la ville. En 2016, des autorisations ont été accordées à des investisseurs privés pour construire des parkings, notamment près du stade Mohamed Guessab, mais aucun projet n’a encore vu le jour. Le plan de circulation de la ville, en suspens depuis des années, n’a toujours pas été mis en œuvre, au grand dam des automobilistes et des piétons, qui subissent chaque jour des routes congestionnées, endommagées et dépourvues de parkings régulés. « La gestion approximative d’une ville comme Sétif a fait son temps. Il est anormal et impensable qu’elle ne dispose toujours pas d’un parking devant faire les affaires de tout le monde. Trouver un endroit pour stationner son véhicule s’apparente à un véritable parcours du combattant. L’automobiliste voudrait bien mettre à l’abri son bien et payer le prix. Malheureusement, la cité n’offre pas une telle commodité, basique sous d’autres cieux. Dommage, l’actuelle équipe communale ne fait pas mieux que les précédentes. Embourbée dans des futilités, la municipalité n’a engagé aucune réflexion pour réaliser un tel équipement pourtant créateur d’emplois et de richesses. Posée depuis des lustres, la question des parcmètres, une manière de couper l’herbe sous les pieds des faux parkingueurs, n’est toujours pas le souci majeur de l’assemblée populaire communale ayant du mal à accorder ses violons », soulignent, non sans colère, des automobilistes soumis au diktat de ces « gardiens » non officiels qui leur extorquent de l’argent sous menace de représailles.
L’inexplicable décision de l’IFP
Certains de ces « parkingueurs » transforment même leurs activités illégales en centres de vente de drogues. Le silence des autorités face à ce fléau, véritable menace pour l’ordre public, n’a fait qu’encourager ces individus, qui prennent possession des rues, des places de marché, des abords des mosquées et même des parkings des hôpitaux et des administrations publiques. Tout automobiliste qui refuse de payer le « tarif » s’expose à des représailles, qu’elles soient verbales, physiques, ou sous forme de dégradations de son véhicule. Pour envenimer un peu plus la situation, et sans crier gare, la direction du centre culturel islamique attenant à l’Institut de Formation Professionnelle (IFP) Said Guembour d’Ain Tebinet ferme la placette faisant office de parking pour les enseignants, les visiteurs des deux établissements et les usagers de la station de voyageurs d’en face. Celle-ci est, faut-il le rappeler, un point de stationnement de taxis et bus desservant la daïra d’El Eulma et d’autres localités de la wilaya. Ne mesurant les désagréments causés aux uns et aux autres, le responsable d’un tel « acte » préfère fermer la placette, la laisser vide. L’incompréhensible décision indispose non seulement les habitués des lieux mais crée moult problèmes. Les autorités locales devraient intervenir et mettre un terme à ce « fait de prince » oubliant que ladite placette a été réalisée pour permettre au citoyen lambda ainsi qu’aux centaines de séminaristes fréquentant à longueur d’année les deux instituts de stationner leur véhicule en toute tranquillité. Les autorités locales devraient intervenir rapidement pour mettre fin à ces abus, libérer cet espace public et offrir aux citoyens un service de stationnement digne de ce nom.
Kamel Beniaiche
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