C’est l’histoire d’une information et d’un démenti. Entre lundi 5 novembre et jeudi 7 du même mois, de folles rumeurs portant sur le gel des opérations de commerce extérieur de et vers la France ont créé un vent de panique parmi les entreprises qui ont un lien avec ce pays. Les services du Premier ministre ont mis fin à ces rumeurs avant-hier jeudi en fin de journée. La raison de cette panique est née d’une constatation : lorsqu’ils se sont présentés, mercredi 7 novembre, devant leurs banquiers habituels, des commerciaux d’entreprises implantées en Algérie ayant des liens avec la France ne s’attendaient pas à être éconduits : les opérations commerciales vers et à partir de l’Hexagone sont gelées, suite à une décision verbale provenant de l’ABEF, l’Association des banques et établissements financiers. À leur grande surprise, aucune note écrite ne leur a été présentée. Pour beaucoup, cette décision est liée à la nouvelle position de la France dans le dossier du Sahara occidental. Depuis Rabat, où il était en visite en octobre, le président Emmanuel Macron a réitéré le soutien de la France au plan d’autonomie marocain dans ce territoire que l’ONU considère comme non autonome. Un communiqué laconique des services du Premier ministre algérien est venu calmer cette tempête. Il évoque des « informations totalement erronées et infondées, colportées par l’ancien ambassadeur de France à Alger », Xavier Driencourt, mu par « un délire coutumier vis-à-vis de l’Algérie ». En effet, l’ancien ambassadeur a partagé sur les réseaux sociaux une note émanant d’un organisme non identifié pour illustrer la nouvelle décision algérienne. Des banquiers et des responsables d’entreprises nous ont confirmé cette information, mais personne n’a vu de note écrite, d’où la confusion autour de cette décision. Côté français, les autorités préfèrent attendre du concret. « De telles mesures n’ont pas été portées officiellement à notre connaissance, mais nous suivons évidemment la situation de nos entreprises en Algérie avec beaucoup de vigilance », a déclaré Christophe Lemoine, porte-parole du ministère français des Affaires étrangères, lors d’un point presse animé jeudi à Paris. « Nous n’allons pas réagir, surtout qu’il n’y a rien d’officiel », a ajouté une source diplomatique contactée par L’Est Républicain. Longtemps premier fournisseur de l’Algérie, la France a perdu cette place au profit de la Chine, en 2013. Les entreprises françaises ont exporté l’équivalent de 4,4 milliards de dollars en 2023, contre des importations de l’ordre de 7,2 milliards de dollars. L’Algérie achète à la France essentiellement des médicaments (environ 450 millions d’euros), des pièces mécaniques (environ 1 milliard d’euros), des équipements industriels (1,87 milliard d’euros), du textile et du bois… Dans l’autre sens, elle vend essentiellement du gaz et des produits agricoles. Pour rappel, en 2022, à cause du revirement du gouvernement espagnol de Pedro Sanchez dans le dossier du Sahara occidental, l’Algérie avait suspendu les opérations commerciales avec ce pays. Une interdiction qui vient d’être officiellement levée.
Akli Ouali
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