Le discours prononcé par Mohammed VI à l’occasion de la commémoration de ce que le Makhzen d’appeler la « marche verte », qui s’est avérée en fin de compte un misérable scénario conçu par Hassan II pour s’accaparer des territoires abandonnés par l’Espagne, a marqué un changement dans l’attitude de la monarchie marocaine envers l’Algérie. Le changement de ton était perceptible. Tout indiquait qu’il visait l’Algérie, et les allusions que le monarque a multipliées ne faisaient aucun mystère quant à l’identité de ce pays qui réclame depuis 1975 la tenue d’un référendum à travers lequel les Sahraouis vont se déterminer librement et sans aucune contrainte. Si par le passé, Mohamed VI a essayé d’appeler au dialogue, cette fois il s’en est éloigné, se montrant plus agressif et plus accusateur envers l’Algérie, qui, selon lui, retient en otage à Tindouf des milliers de Sahraouis. C’est la première fois depuis son accession au trône qu’il s’approprie aussi explicitement un réquisitoire jusque-là mis en œuvre par les courtisans et les relais du palais royal. Aussi, il s’est aventuré à employer les mêmes termes que ses sbires, en soutenant que les réfugiés sahraouis de Tindouf sont « tenues en otage dans des conditions lamentables ». Dans sa diatribe inspirée par les cercles dominants au Maroc, dont la plupart travaillent pour les Américains et les Français, il a fait sienne cette vieille rengaine évoquant « ceux », qui, « dans leur convoitise d’un accès à l’Atlantique, instrumentalisent l’affaire du Sahara » et ceux qui s’en « servent comme paravent pour couvrir leurs nombreux problèmes domestiques ». Le retour de Donald Trump à la Maison Blanche est-il pour quelque chose ? C’est bien celui-ci qui avait conçu le deal selon lequel, le Maroc accepte la normalisation des relations avec Israël en contrepartie de la reconnaissance par les Etats-Unis de la prétendue « souveraineté marocaine » sur le Sahara occidental. Mohamed VI, qui s’est aussi permis de lancer une sorte d’ultimatum à toute l’Europe pour s’aligner sur ses thèses et soutenir « sans équivoque » la colonisation des territoires sahraouis, s’est senti conforté par les récentes positions prises par la France. « Je voudrais adresser un message clair à tout le monde : le dossier du Sahara est le prisme à travers lequel le Maroc considère son environnement international », a-t-il mis en garde en août 2022. Jusqu’où pourrait aller le « commandeur des croyants » dans son entreprise de chantage, dans un monde où les « émirs » de l’apocalypse laissent entrevoir sans aucune honte leur soumission envers « l’oncle Sam » et la religion suprématiste, symbolisée par un billet vert portant l’expression en anglais «on God we trust » qui veut dire littéralement, nous avons confiance en Dieu. Les premiers adeptes de ce dieu ont réussi en deux siècles avec la force de leurs fonds, à donner corps à l’édifice clérical moderne où leur personne est désormais adorée à travers un bout de papier portant l’effigie de Georges Washington.
Mohamed M
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