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Généralisation de l’utilisation des tablettes au primaire : Faut-il occulter l’avis des professionnels de la santé ?

Le ministre de l’Éducation nationale est revenu, avant-hier jeudi, sur la généralisation de l’utilisation des tablettes tactiles dans les écoles primaires. S’exprimant lors d’une séance plénière à l’Assemblée Populaire Nationale, Abdelhakim Belaabed a réaffirmé son intention de généraliser l’emploi de ces gadgets électroniques par tous les élèves du premier cycle de l’enseignement. « Dans le cadre de la coordination gouvernementale, le ministère de l’Éducation nationale s’emploie activement à permettre à tous les élèves d’utiliser aussi largement que possible les tablettes électroniques », a-t-il indiqué devant les députés. Par ailleurs, il s’est engagé à atteindre un taux de 50 % d’ici la fin de l’année scolaire actuelle. Rappelant les mesures prises par le ministère ces dernières années pour alléger le poids des cartables des élèves du cycle primaire, il a relevé que cette alternative « fait l’unanimité auprès des enseignants et des parents ». Cette démarche, qui va signer, à long terme, la mise à l’écart des manuels scolaires a-t-elle fait l’objet d’une consultation approfondie avec les pédagogues et les professionnels de santé ? Considérés comme des précurseurs de l’utilisation des écrans dans les établissements scolaires, les pays scandinaves, à titre d’exemple, n’ont pas hésité à amorcer un recul. L’année dernière, la ministre suédoise des Écoles a critiqué l’introduction massive du numérique dans les établissements scolaires, jugeant que le manuel scolaire a « des avantages qu’aucune tablette ne peut remplacer ». En Algérie, de nombreux enseignants aujourd’hui à la retraite ne partagent pas la vision du ministère de l’Éducation nationale, qui compte généraliser l’usage de la tablette à l’ensemble des écoles du pays, après avoir doté 1.629 établissements en cet outil tactile. Pour certains d’entre eux, il aurait été plus intéressant de revoir le programme scolaire, en l’adaptant aux nouvelles exigences. Cela aurait permis aux élèves de 6 à 10 ans de s’épanouir naturellement au contact des livres, des cahiers et des crayons de couleur, en exploitant au maximum leurs instincts et leur curiosité dans un environnement qui interpelle leurs sens. « Le rendement pédagogique est mille fois mieux avec des classes de 25 élèves sans tablettes qu’avec des classes de 45 élèves avec tablettes », a estimé un inspecteur de l’éducation à la retraite, dans un texte publié sur sa page Facebook. Pour cet ancien professeur de français de l’enseignement moyen, qui s’est exprimé sur le sujet il y a une année, « le sureffectif ou la surcharge des classes rend quasiment impossible la production ». Selon lui, la tutelle aurait dû ouvrir une large consultation pour trouver la solution la plus pratique. « De bien meilleures solutions existent, il suffit de consentir des efforts, de la sagesse et de la rationalité pour les trouver », a-t-il indiqué.

Mohamed Mebarki

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