Malgré les assurances que leur ont fournies les pouvoirs publics, de nombreux importateurs de café rechignent encore à se conformer aux mesures prises par le gouvernement dans le but de réguler la disponibilité et les prix de ce produit de large consommation. Une attitude illustrant ouvertement une crise de confiance, que certains opérateurs peu scrupuleux n’hésitent pas à dénoncer, en cautionnant des pratiques illégales rien que pour préserver leurs intérêts et s’assurer le maximum de profits, à l’ombre d’un contexte complexe où seuls les consommateurs sont pénalisés par une pénurie montée de toutes pièces. En vérité, c’est à un bras de fer auquel on assiste, au détriment de la légalité, sous prétexte d’une conception « indisciplinée » d’un libéralisme débridé, qui empêcherait l’État d’intervenir pour sauver ce qui reste à sauver d’un pouvoir d’achat dont l’érosion n’en finit plus. En plus de la rétention pratiquée à grande échelle, aussi bien par les gros que par les petits commerçants, du moins une partie d’entre eux, des quantités non négligeables de café importées sont récupérées par des réseaux de spéculateurs et réexportées vers la Tunisie. L’affaire traitée récemment par le tribunal d’El Hadjar ne représente apparemment que la partie visible de l’iceberg ! L’implication directe de fonctionnaires dans cette affaire est d’une gravité extrême. Quelle que soit son ampleur, elle constitue un signe évident d’un défi lancé à l’autorité de l’État, qui a menacé dernièrement de retirer les autorisations d’importation au privé, pour les confier à des organismes étatiques. Cette option est sérieusement envisagée pour couper l’herbe sous le pied d’une mafia qui ne pense qu’à s’enrichir par tous les moyens, sans se soucier des conséquences. « Ce projet fait suite aux réticences des importateurs privés à adhérer aux mesures de plafonnement des prix, malgré les assurances de compensation fournies par l’État pour couvrir la différence entre le coût réel d’importation et le prix final de vente ». La décision pourrait être prise plus tôt que prévu, si les pratiques des importateurs refusant les quotas alloués et si d’éventuelles infractions aux engagements sont déterminées après investigation. Il est à rappeler que l’Algérie est classée parmi les plus gros importateurs de café. Elle est considérée comme un des pays où l’on consomme cette boisson sans modération, à la 27e place sur un total de 60 pays, selon un site spécialisé dans les statistiques comparatives, qui nous place en tête des pays africains, devançant des pays comme l’Australie, le Portugal, la Grèce, le Japon, la Russie, la Colombie, le Mexique, la Turquie ou l’Afrique du Sud.
Mohamed Mebarki
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