Lors du match Algérie – Libéria, le commentateur algérien de la chaîne qatarie BeIn Sport, Hafid Derradji, s’est livré à des « touches » politiques à résonance patriotique. Une telle sortie, à l’occasion d’une rencontre sans enjeu, qui accréditait d’une certaine manière des spéculations, qui annonçaient Walid Sadi comme le futur ministre des Sports. 24 heures plus tard, le remaniement a été rendu public et le poste a bien été confié, contre toute attente, à Sadi, désormais ex-président de la Fédération Algérienne de Football (FAF), au cas où il n’y aura pas de cumul de fonctions. Cela n’a rien à voir avec le mérite, mais la désignation est tout de même inédite, dans la mesure où aucun patron de FAF en exercice avant lui n’a été promu ministre. Abdenour Bekka est devenu ministre des Postes et Télécommunications, de 1980 à 1982, et ministre de la Jeunesse et des Sports de 1982 à 1984, deux ans après avoir quitté la FAF (août 1975 à janvier 1978). Mouldi Aïssaoui a été nommé ministre de la Jeunesse et des Sports deux ans après avoir occupé le poste de président de la FAF (de septembre 1993 à juillet 1994). Walid Sadi, qui a succédé officiellement hier à Abderrahmane Hammad, devrait sûrement mettre un trait sur son ambition d’intégrer le comité exécutif de la Confédération Africaine de Football (CAF), pour se consacrer exclusivement à sa nouvelle mission. Les chantiers qui l’attendent son nombreux et complexes, en raison de la décadence manifeste qui touche le sport algérien dans toutes ses disciplines, dont les plus porteuses comme l’athlétisme, le handball ou la boxe à titre d’exemple, ont été sacrifiées au profit d’un football supposé professionnel, livré aux affairistes et survivant grâce aux milliards de l’argent public. « Nous atteindrons plusieurs objectifs, afin d’élever le niveau du sport algérien dans tous les domaines », a-t-il promis, lors de la cérémonie de passation de consignes avec son prédécesseur. La tâche n’est pas impossible, mais elle demeure difficile et compliquée, si on ne procède pas de toute urgence à un diagnostic de fond. Le sport comme vecteur de cohésion sociale et de progrès est tout aussi important que les autres secteurs. Sa gestion doit bénéficier d’une attention particulière. De nombreuses nations, en dehors des grandes puissances, ont inscrit leur nom dans l’histoire contemporaine grâce à leurs performances sportives. Sadi est suffisamment imprégné pour pouvoir entamer sa nouvelle carrière politique sous de bons auspices. La mission qui l’attend va du développement du sport scolaire à la résurrection des sports collectifs, en passant par les disciplines dites mineures. Tout un programme ! La question que se pose néanmoins l’opinion publique est de savoir s’il portera les deux casquettes, celle de président de la FAF et celle de membre du gouvernement. Mais là, ne risque-t-on pas de créer une situation ambigüe par rapport aux statuts de la FIFA, qui interdisent tout interventionnisme des pouvoirs publics dans les affaires de la Fédération ?
Mohamed Mebarki
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