La France officielle poursuit ses gestes de reconnaissance des crimes commis en Algérie durant la colonisation. En particulier, l’assassinat du dirigeant de la Guerre de libération, Larbi Ben M’Hidi. Quelques jours après que le président français Emmanuel Macron a reconnu la responsabilité de l’État français dans cet assassinat, l’ambassadeur de France en Algérie, Stéphane Romatet, s’est rendu, avant-hier mardi, au cimetière d’El Alia, pour se recueillir sur la tombe de ce héros de la lutte pour l’indépendance algérienne. À la demande et au nom du président français, le diplomate a déposé une gerbe de fleurs sur la tombe du martyr et a souligné « la nécessité de poursuivre le travail de mémoire entamé par les deux pays ». Macron a quant à lui réaffirmé que « le travail de vérité et de reconnaissance doit se poursuivre », selon un communiqué de l’ambassade de France. Pour rappel, les relations entre Paris et Alger traversent une zone de turbulences depuis plusieurs mois, notamment après la reconnaissance par Macron de la souveraineté du Maroc sur le territoire sahraoui et son soutien au plan d’autonomie marocain. Ce nouveau geste, qui fait suite à celui concernant Maurice Audin, est le fruit d’un long travail de mémoire, mené par des historiens algériens et français, dans une approche bilatérale visant à traiter le dossier de la mémoire. Cependant, ce travail a été gelé depuis la récente brouille entre Alger et Paris. Le 19 septembre, le chef de l’État français a rencontré les membres du panel d’historiens de son pays et leur a exprimé sa détermination à « poursuivre le travail de mémoire, de vérité et de réconciliation ». Il a également souhaité que les travaux engagés aboutissent et que les propositions formulées « puissent être mises en œuvre », permettant à la France de porter un regard lucide sur son passé. Le 7 septembre, le président algérien, Abdelmadjid Tebboune, a répondu à la polémique suscitée en France autour des accords de 1968. Il a estimé que ce débat, alimenté par la droite et l’extrême droite françaises, visait surtout à « détourner l’attention des véritables contentieux historiques entre les deux pays ». Selon lui, « la question de la mémoire nécessite un nouveau souffle de courage et d’intégrité pour se libérer du complexe du passé colonial et se projeter vers un avenir sans place pour les semeurs de haine, enfermés dans une pensée coloniale obsolète ».
Samir Rabah
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