Après s’être rapprochée de la barre symbolique des 250 dinars en septembre dernier, la monnaie unique européenne, qui a été proposée à la vente à 247 dinars l’unité, soit 24.700 dinars pour 100 euros, se dirige vers un nouveau record. Dans la matinée d’hier samedi, l’euro était échangé à travers les places fortes du marché parallèle, contre 259 dinars l’unité. Il s’agit selon toute vraisemblance d’une nouvelle flambée, au lendemain de la réduction drastique du montant en devises autorisé à être exporté par les voyageurs, résidents et non-résidents. Le nouveau règlement de la Banque d’Algérie a en effet fixé le montant en devises pouvant être exporté par les nationaux, résidents et non-résidents, à 7.500 euros par année civile. Jusqu’au jeudi 21 novembre, ce montant était autorisé pour chaque voyage. À ce rythme d’une hausse continue, il n’est guère exclu que la devise européenne atteigne la côte des 260 dinars ! Après une légère baisse début octobre, puis une autre début novembre, la spirale infernale a repris de plus belle, illustrant toute la complexité d’un marché parallèle dont les leviers échappent à tout contrôle. Par ailleurs, la flambée de l’euro est suivie de près par celle du dollar américain. Hier, le billet vert s’échangeait contre 244 dinars. La monnaie américaine se dirige lentement mais sûrement vers la barre des 250 dinars. Début novembre, il valait 238 dinars. À quelle logique économique et financière le marché noir de la devise en Algérie répond-il ? Celle de l’offre et de la demande ? La réponse n’est pas à la portée de n’importe qui, si les experts eux-mêmes peinent à expliquer, parfois pour des raisons qui leur échappent ou qu’ils ne veulent pas évoquer, afin de ne pas être obligés de s’engager dans des sujets « non conventionnels ». Une fois encore, le marché noir de la devise vient de démontrer qu’il entretient ses propres rapports, indépendamment des autorités financières. Début 2023, le président de l’association de protection des consommateurs avait estimé que les détenteurs de capitaux circulant en dehors du circuit bancaire « se ruent sur le marché parallèle pour convertir leur argent en devises », afin d’échapper à d’éventuelles mesures coercitives. L’État n’est-il pas dans l’obligation d’agir, pour mettre un terme à cette situation anachronique, en accélérant la concrétisation de ce vieux projet consistant à ouvrir des bureaux de change réglementaires, à titre d’exemple ? En juillet 2020, alors qu’il occupait le poste de ministre des Finances dans le gouvernement Djerad, Aimene Benabderrahmane avait déclaré que les pouvoirs publics étaient déterminés à tout mettre en œuvre pour éradiquer le marché parallèle des devises.
Mohamed Mebarki
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