A l’occasion de la Journée mondiale des toilettes, laquelle vise à informer et sensibiliser les pouvoirs publics sur la nécessité de mettre à la disposition de la population des sanitaires et des vespasiennes adéquats, l’Association des médecins privés de Biskra (Ampb) a organisé, jeudi 28 novembre, sous l’égide de la wilaya, une conférence scientifique sur le « fléau des réseaux d’assainissement dans les écoles ». Les autorités locales dont le wali de Biskra, des chefs de daïra, des maires, des directeurs exécutifs, des associations, des étudiants en médecine et des médecins généralistes et spécialistes ont assisté aux travaux, organisés à la salle du Moudjahid Sassi Hussein, a-t-on constaté. D’emblée, le Dr Abdelhak Lachouri, président de l’Ampb, a donné le ton de cette rencontre en dépeignant un sombre tableau de la situation des toilettes dans les établissements scolaires. « Depuis des années, nous alarmons par différents moyens sur la situation déplorable des sanitaires des écoles publiques où les toilettes sont inadaptées, sales, avec des portes sans loquet, dépourvues d’eau et non-sécurisées. Des enfants sont en danger à cause de cela car ils doivent se retenir durant des heures de satisfaire leurs besoins. La situation des filles est encore plus délicate. La rétention urinaire et l’absence de toilettes convenables ont de graves conséquences sur la santé publique. C’est un sujet important que nous devons tous prendre en charge. Malgré nos appels, nous ne remarquons aucune réaction des concernés par l’amélioration et l’aménagement des toilettes dans les écoles. Je tiens à remercier le wali de Biskra qui est présent dans la salle et qui nous offre sa confiance et toute la latitude pour œuvrer pour la formation continue des médecins et aussi participer à toutes les actions d’utilité publique comme celle-ci, revêtant un caractère primordial pour le bien-être de nos enfants scolarisés », a-t-il déclaré. Le Dr Badis Karim Sekkai, spécialiste en urologie, a rappelé l’origine du « World toilet day » et a passé en revue les conséquences, les risques et les pathologies générées par l’absence de toilettes décentes dans les écoles et les espaces publics. Avec des images chocs montrant des personnes urinant et défalquant dehors, des espaces constellés de déjections, d’étrons et de matières fécales et des cuvettes d’aisance crasseuses et rebutantes, il a démontré que des toilettes propres, équipées et dotées d’eau et de produits hygiéniques sont le premier barrage contre la propagation des maladies. Il a aussi insisté sur les répercussions physiologiques de la rétention urinaire, de la miction furtive des filles et la nécessaire éducation mictionnelle pour les enfants. Le Dr Camel Benidir a mis en avant le fait que la religion musulmane comporte plusieurs recommandations, des prescriptions et des comportements à adopter pour satisfaire ses besoins biologiques.
La majorité des écoles sans eau
Le Directeur de la Santé et de la Population (DSP) de Biskra, Abdelkader Aouini, a, quant à lui, validé le constat de ces médecins, « Nos rapports annuels font état de grandes lacunes et déficiences dans la qualité et la disponibilité des toilettes et des réseaux d’assainissement des écoles. Plus de 80 % des écoles sont dépourvus de toilettes permettant aux enfants de faire leurs besoins dans un espace bienséant et digne », a-t-il relevé. Lakhdar Seddas, le wali de Biskra, a salué et félicité les organisateurs de cette journée et il a apporté certaine précisions et remarques de bon aloi, a-t-on constaté. « Je suis heureux de constater que des médecins prennent en charge cette thématique des toilettes et des réseaux d’assainissement dans les écoles et qu’ils mènent des actions pour sensibiliser les pouvoirs publics sur cet aspect du développement local. Le terme de fléau invoqué dans le titre de cette conférence est tout à fait de mise mais il faut savoir que l’État algérien dégage de faramineux budgets pour le secteur de l’éducation et la construction d’établissements scolaires dotés de toutes les commodités pour les onze millions d’enfants scolarisés. Si chacun faisait son travail avec conscience et amour du pays, nous ne serions pas confrontés à telle situation sanitaire dans les écoles. Les responsables des réseaux d’assainissement sont tenus d’y œuvrer pour offrir aux enfants des lieux d’aisance en rapports avec nos rituels et nos traditions. Dans les années 1970, l’Algérie était un pays émergeant et nous le sommes toujours. Les recommandations exprimées par ces médecins devront être suivies scrupuleusement d’actions effectives pour améliorer les réseaux d’assainissement dans les écoles », a-t-il expliqué. Pour conclure, il faut dire que les médecins de l’Ampb auront réussi à attirer l’attention des pouvoirs publics sur la question des toilettes dans les écoles. Et cela représente déjà une belle victoire qui sera couronnée, espèrent-ils, par des interventions et des actes concrets pour améliorer et moderniser les sanitaires dans les établissements scolaires et dans tous les espaces publics où l’on constate une absence totale de sanisettes, de vespasiennes et de « Water Closed » (WC), au grand dam de tous.
Hafedh Moussaoui
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