La cité Seybouse, ancien joyau d’Annaba surnommé jadis « le Petit Paris », traverse aujourd’hui une crise profonde d’abandon et de délaissement. Situé à quelques centaines de mètres du centre-ville, ce quartier historique est confronté à de multiples défis environnementaux et infrastructurels qui menacent sa survie. Les habitants, désemparés par la détérioration de leur cadre de vie, ont décidé d’interpeller les autorités. Ils ont saisi les représentants des Droits de l’Homme et sollicitent une visite du wali d’Annaba pour présenter directement leurs préoccupations. Autrefois lieu prisé des Annabis pour la pêche, la baignade et la cueillette de fruits de mer, la cité Seybouse (ex-Joanonville) est désormais complètement enclavée. Les activités traditionnelles ont quasiment disparu : les pêcheurs ont été déplacés le long du canal d’évacuation des eaux traitées de l’usine d’Asmidal, et les espaces conviviaux ont été progressivement grignotés par l’industrialisation. Le quartier subit de nombreuses contraintes : lignes électriques à très haute tension, risques d’inondation, proximité d’unités industrielles et présence de canalisations de gaz ammoniac. Malgré la promesse de la construction d’un nouveau port susceptible de générer des emplois pour les jeunes, les habitants restent sceptiques face aux nuisances persistantes. La transformation du quartier se manifeste par la disparition de plusieurs repères historiques : l’ancienne entrée à partir du passage à niveau a été supprimée, seul le pont séculaire enjambant l’Oued Seybouse résiste encore au temps. Le souk de bétail situé derrière l’abattoir communal a également été rayé de la carte, privant de nombreux habitants de leurs revenus traditionnels. Le quartier du Cheikh Amimour, dont la mosquée locale porte le nom, symbolise aujourd’hui cette mémoire vivante en péril, attendant une intervention des autorités communales pour préserver son patrimoine et sa dignité.
Ahmed Chabi
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