La montée en puissance des cercles nostalgiques de l’Algérie « française », ainsi que la déferlante médiatique anti-algérienne qui sévit depuis quelque temps en France vont-elles finir par sonner le glas de la commission mixte sur l’histoire et la mémoire, chargée de traiter les litiges sur les questions mémorielles ? Benjamin Stora ne s’est pas prononcé ouvertement sur la question, mais ses récentes déclarations sur le plateau de C politique, concernant l’arrêt des travaux de ladite commission, ont suscité de nombreuses questions sur le message qu’il voulait faire passer. « Le travail de la commission a cessé après l’intervention de facteurs politiques et diplomatiques », a-t-il déclaré. Une annonce qui n’a pas manqué d’ouvrir la voie aux spéculations les plus diverses. A-t-il agi en son nom personnel, en sa qualité d’historien bénéficiant d’une certaine marge de manœuvre, ou bien en tant que co-responsable ayant des comptes à rendre à l’autorité politique de son pays ? Dans les deux cas, ses propos n’ont pas été assez explicites et n’ont donné aucun éclairage sur le sort d’une commission qui ne s’est pas réunie depuis plus de six mois. En effet, la dernière réunion remonte aux 22 et 23 mai passés. Entre l’Algérie et la France, la tension est à son paroxysme. Une situation aggravée par de graves surenchères multipliant les attaques politiques et médiatiques contre l’Algérie, menées par une extrême droite française aux allures fascistes et une partie de la droite qui semble avoir perdu ses repères. L’annonce faite par Stora serait-elle donc le prélude à une fin prématurée d’une commission dont la création a suscité des élans d’espoir des deux côtés de la Méditerranée ? À Paris, le clan des révisionnistes est en train de faire un pressing sans précédent, pour pousser l’Élysée à faire machine arrière dans le dossier mémoriel. L’acharnement avec lequel certaines personnalités s’en prennent à l’Algérie illustre tout à fait les nouvelles données. L’historien français, qui n’avait pas cessé d’alimenter l’espoir au sujet d’une convergence à portée de main entre l’Algérie et la France, a-t-il tout dit ? Son attitude exprimée dernièrement vient de dévoiler la vulnérabilité d’un dossier relatif au conflit mémoriel opposant l’Algérie à la France, confié préalablement aux historiens des deux pays dans le but de le tenir loin de toute tentative d’exploitation politicienne, mais qui risque de subir les contrecoups d’une escalade anti-algérienne, alimentée par pratiquement l’ensemble des groupuscules de l’extrême droite française, montés au créneau dans une diatribe accentuée. En plus du contentieux lié à la restitution d’archives, les essais nucléaires dans le Sahara algérien, dont les retombées radioactives continuent de causer jusqu’à aujourd’hui de graves problèmes sanitaires et environnementaux, constituent un dossier prioritaire. Vont-ils aussi faire les frais d’un négationnisme remis à jour ? Aujourd’hui, les questions de l’identification et de la décontamination des sites d’enfouissement de déchets radioactifs restent posées. « La partie française n’a mené techniquement aucune initiative en vue de dépolluer les sites, et la France n’a fait aucun acte humanitaire en vue de dédommager les victimes », avait déploré Tayeb Zitouni, lorsqu’il occupait le poste de ministre des Moudjahidine et des Ayants droit.
Mohamed M.
Partager :