La galerie des arts du jardin Landon de Biskra abrite, depuis le samedi 30 novembre et pour quinze jours, une exposition des œuvres de l’artiste-peintre Mohamed Dernouni, décédé en décembre 2023 à l’âge de 56 ans des suites d’une maladie. Initiée par les membres du bureau local de l’Union Nationale des Artistes Algériens (UNAA), en coordination avec la direction de la Culture et des Arts, cette manifestation, intitulée « l’Art, pour ne pas oublier », est un hommage posthume à ce grand artiste-peintre de Biskra qui aura attiré la sympathie de tous au cours de son existence. Mohamed Dernouni était un professeur de dessin dans un collège de la Reine des Ziban et un artiste aux qualités humaines exceptionnelles qui avait un talent inné pour l’art pictural, ont indiqué ses amis. Il laisse une impressionnante collection de tableaux emblématiques, impressionnistes et abstraits où s’expriment une kyrielle de thèmes liés et entremêlés, tel un kaléidoscope, aux paysages montagneux et ocrés de Biskra, à la femme aurésienne, aux activités traditionnelles et artisanales, à la liberté, à la culture ancestrale et à la relation de l’Homme avec son environnement immédiat. Bien qu’exposés dans le désordre et sans une approche savante, les visiteurs avisés ayant des notions d’art pictural et connaissant le parcours de l’artiste défunt pourront aisément, à travers l’observation des tableaux, reconnaître les différentes étapes artistiques de cet artiste au style particulier qui portait l’espoir d’une Algérie « belle et authentique », et cela sans en dissimuler « l’âpreté et la dureté pour ses enfants », se dégage-t-il de ses œuvres où les couleurs s’entrechoquent pour que des signes surgissent. Réservé et circonspect de nature, Dernouni n’hésitait pas à œuvrer pour prendre la défense des artistes et revendiquer un statut digne pour cette catégorie de personnes « trop souvent marginalisées », disait-il. « Cette exposition des tableaux de Mohamed Dernouni dont la disparition brûle encore les cœurs de sa famille, ses amis, ses anciens élèves et ses pairs se veut un contrepoint à l’oubli et à l’amnésie. Je tiens à saisir cette occasion pour exhorter les plus hautes instances du pays, responsables de la culture et des arts ou des mécènes et des férus d’arts picturaux, à valoriser le travail des artistes et à acquérir cette collection de tableaux qu’il lègue à la postérité et à les inclure et inscrire au patrimoine national. Il serait dommage de les voir mangés par la poussière et décrépir au vu et au su de tous », a dit Nourredine Tbrha, président du bureau de Biskra de l’UNAA. A noter que le vernissage a été marqué par la présence de nombreux artistes de Biskra, ainsi que de la famille du défunt, dont sa mère, laquelle présentait une figure de femme des Aurès qui est en elle-même « une œuvre d’art vivante et qui ferait le bonheur des peintres-portraitistes et des photographes tant il en émane de la beauté, de la résilience et une force de caractère à dépasser les souffrances de la vie dont celle cruelle de perdre un de ses enfants », ont souligné des présents.
Hafedh Moussaoui
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