Plusieurs baraques de fortune, une trentaine selon nos sources, du marché illicite des fruits et légumes, dénommé Souk Ellil, érigé au cœur de la cité Bouzered Hocine, ont été réduites en cendres avant-hier, jeudi 5 décembre. Selon les premières constatations de la Protection civile, qui a mobilisé d’importants moyens pour la circonstance, l’incendie s’est déclaré dans un « gargotier » de fortune, à partir d’une bouteille de gaz butane. Il a rapidement ravagé des dizaines de commerces. Les éléments de la Protection civile sont intervenus à 12h07. Le feu risquait de gagner les habitations voisines alimentées par le gaz de ville. Les pertes, bien que pas encore totalement évaluées, sont importantes. Les flammes ont détruit des baraques commerciales abritant des fruits, des légumes, des vêtements et de la quincaillerie. Au sol, des carcasses métalliques, des cageots en plastique, des légumes et même des vêtements témoignent des ravages causés par l’embrasement. Ce marché, qui n’a cessé de s’étendre au fil du temps, malgré la présence des autorités locales, donne depuis des années une image des plus disgracieuses à la cité. Comme son nom l’indique d’ailleurs, Souk Ellil (marché de la nuit) n’était autrefois actif que le soir venu. Il convient de rappeler qu’après avoir survécu à plusieurs tentatives de destruction, le marché Souk Ellil avait été totalement éradiqué au début du mois d’avril 2017, sur instruction du wali de l’époque, Youcef Chorfa, et sous la supervision sur le terrain de l’ex-maire d’Annaba, Farid Mérabti. Paradoxalement, le marché ingérable renaîtra de ses cendres quelques mois après le départ du wali. Depuis, les habitants de ce quartier populaire et populeux ne savent plus à qui s’adresser, tant la situation sanitaire et sécuritaire fait défaut. Aujourd’hui, les habitants lancent un SOS aux autorités locales, les appelant à saisir cette occasion pour « déraciner » définitivement ce marché aux conséquences désastreuses pour la vie communautaire. Sa saleté a envahi tous les espaces et rendu la cité invivable. Annaba, « La Coquette » qui ne mérite plus son surnom, croule sous les ordures. Elle devient chaque jour plus sale. L’image qu’elle renvoie est celle d’une ville abandonnée par ses élus. En effet, dans presque tous les quartiers, à l’exception du boulevard du 1er Novembre, vitrine de la cité, tout le reste est envahi par des déchets en tous genres. Dans la cité Safsaf, près du marché, des amoncellements de détritus et autres déjections défient les passants qui se dépêchent de quitter les lieux. À la cité Rym, au milieu des immeubles, les terrains censés être des espaces verts et des aires de jeux pour enfants se sont transformés en véritables dépotoirs. Des nuées de mouches, de moustiques et autres bestioles s’y propagent tranquillement avant de pénétrer dans les appartements voisins. Des sachets en plastique, pris dans les mauvaises herbes, des papiers, boîtes de conserve, bouteilles et cartons traînent partout, sans que cela ne semble déranger quiconque. Dans les cités Auzas, La Colonne, Zâafrania ou El M’Haffeur, la situation est identique. On est contraint d’enjamber des amas de détritus déposés à même le sol et on se prend parfois les pieds dedans. Au pied des immeubles, des canettes de bière et des bouteilles de vin s’accumulent près de feuilles de carton abandonnées sur les marches des escaliers. Les habitants, las de se plaindre de ces comportements inciviques, ont depuis longtemps baissé les bras. Annaba n’est plus ce qu’elle était. Partout, même du côté de la mer, on constate une dégradation qui, chaque jour, s’amplifie. À Aïn Achir, sur la route menant au phare, des bouteilles d’eau minérale et de bière jonchent les bas-côtés. Des sachets, incrustés dans les broussailles et les arbustes, défigurent le paysage, au grand dam des familles venues de partout pour profiter du site. Annaba, ville balnéaire par excellence, mérite assurément un meilleur sort.
B. Salah-Eddine
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