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Braconnage corallien sur le littoral Est : La biodiversité à la merci de réseaux criminels

Les récifs coralliens du littoral de l’extrême Est du pays, allant de Collo (Skikda) à El-Kala (El Tarf) en passant par le plan d’eau d’Annaba, sont en danger. Aujourd’hui, des professionnels et des scientifiques tirent la sonnette d’alarme : « La majorité de la faune et de la flore qui composent les récifs coralliens a déjà subi des dégâts irrévocables, notamment du fait des activités humaines ».

Des menaces réelles planent sur les riches jardins du « Mordjane », dans ce plan d’eau, en raison de la pollution et surtout d’une exploitation sauvage. L’exploitation illicite et sauvage du corail continue d’avoir la peau dure, principalement sur ce littoral. Même si la pêche au corail dans les wilayas d’El Tarf, Skikda et Jijel n’a pas encore été autorisée, trois ans après la décision de relancer l’activité pour une période de cinq ans, le braconnage bat toujours son plein. Rappelons que cette relance était limitée à un quota de six tonnes par an. Elle devait concerner, durant les cinq premières années, les zones d’exploitation d’El Kala jusqu’à la frontière tunisienne, ainsi que les wilayas de Skikda et de Jijel. Un plan d’exploitation du corail, mis en place par le ministère de tutelle, définit la quantité exploitable et le nombre d’exploitants selon un système de rotation, apprend-on auprès des pêcheurs. En revanche, le récif corallien de la wilaya d’Annaba, mis à rude épreuve par les braconniers sans foi ni loi, a été épargné, et ce, dans l’objectif de préserver cette ressource marine et lui permettre de se renouveler. Ce plan d’exploitation répartit le littoral national en cinq zones, chacune composée de deux surfaces d’exploitation, expliquent nos interlocuteurs. Chaque zone est ouverte pendant cinq ans, puis fermée pendant vingt ans. Pour les cinq premières années, la zone ouverte comprend deux surfaces de pêche. Celle de l’Est du pays s’étend du vieux port de pêche d’El Kala jusqu’aux frontières tunisiennes. Elle bénéficiera de trente permis d’exploitation et d’une quantité autorisée de trois tonnes par an. Quant à la partie Ouest de cette zone, elle comprend les wilayas de Skikda et de Jijel et bénéficiant de quinze permis chacune et de trois tonnes maximum pour l’ensemble des deux wilayas. Cependant, le gel de l’exploitation du corail depuis plus de deux ans, sans aucune explication, a laissé le champ libre aux braconniers. Ces derniers, à l’allure de piranhas, continuent de porter atteinte à cette ressource, notamment au corail rouge, appelé « sang de bœuf », utilisé dans la fabrication de bijoux et à grande valeur commerciale, dénoncent les professionnels. Plus grave, nous apprenons auprès d’un représentant des pêcheurs que des quantités importantes de corail algérien, pêchées illicitement, avaient été vendues aux enchères en Tunisie. Ce trafic s’accentue, malgré les actions soutenues de lutte menées par aussi bien par la marine nationale, la police et la gendarmerie. Pratiquement chaque mois, des arrestations et des saisies de corail et d’équipements de plongée sont signalées. Des actions qui n’ont toutefois pas permis de faire reculer un tant soit peu les filières de trafiquants, qui semblent bien aguerries. Ainsi, des braconniers osent même s’aventurer jusqu’aux récifs coralliens d’El Kala pour s’emparer du corail rouge en abondance. Plus grave encore, des bateaux hautement sophistiqués seraient aujourd’hui au service des pilleurs, signalent des marins pêcheurs. Ces nouveaux « businessmen » ont pour unique mission de localiser, moyennant bakchich, les récifs coralliens facilement exploitables, à l’aide de balises électroniques.

B. Salah-Eddine

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