Que pourrait faire l’ONU mis à part une condamnation sans aucun effet sur le terrain de l’avancée de l’armée sioniste dans la zone tampon du Golan ? Absolument rien. « L’avancée des troupes israéliennes dans cette zone constitue une violation de l’accord de désengagement de 1974 entre Israël et la Syrie, a déclaré lundi le porte-parole de l’ONU. Hier, la plupart des pays qui ont accueilli favorablement la chute de Bachar Al Assad ont donné l’impression d’avoir cautionné ce « fait accompli », « annexé pour l’éternité », selon les déclarations émanant de Tel Aviv. Le Premier ministre israélien avait annoncé dès dimanche avoir ordonné à l’armée de prendre le contrôle de cette zone tampon. Aussi paradoxal que cela puisse paraitre, au moment où des dizaines de Syriens célèbrent la chute du régime, Israël mais également des pays comme Ia Turquie ont mis à profit la vacance du pouvoir à Damas pour avancer leurs pions et occuper d’importantes parties du le territoire syrien. Tel Aviv et Ankara ont avancé des arguments, qui n’ont soulevé aucune opposition de la part des nouveaux « maitres », accrédités ostentatoirement et délibérément par des pays du Golfe du titre de libérateurs. Cette situation qui marque le début d’un profond réaménagement territorial de la Syrie n’est pas considérée comme préoccupante par les factions armées, dont le principal souci est de prendre le contrôle du pouvoir. Le plateau du Golan n’entre apparemment pas dans les priorités de cette coalition islamiste, dont certains leaders avaient jadis fait allégeance à Daech. La chance pour la Syrie de recouvrer son intégrité territoriale s’évanouit sans que les pays arabes du voisinage n’y retrouvent rien à redire, sauf des condamnations sur le bout des lèvres. L’Arabie saoudite, à titre d’exemple, a condamné l’avancée des troupes israéliennes dans la zone tampon du Golan syrien, une opération qui « sabote » selon elle les chances de la Syrie de recouvrer son intégrité territoriale. Cette incursion « confirme la violation continue par Israël des règles du droit international et sa détermination à saboter les chances de la Syrie de restaurer sa sécurité, sa stabilité et son intégrité territoriale », a estimé le ministère saoudien des Affaires étrangères dans un communiqué. Au moment où les groupes rebelles islamistes sont occupés à négocier la transition avec les derniers membres du parti Baas, l’armée sioniste a effectué pas moins de 250 raids et « a détruit les principaux sites militaires en Syrie », a affirmé hier l’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH). Dans certaines localités du pays, les premiers signes d’un chaos programmé sont apparus. Tout indique que la Syrie est loin de la transition pacifique véhiculée par de nombreux médias.
Mohamed Mebarki
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