Contre toute attente et en l’absence d’une main de fer des autorités compétentes, la majorité des plaisanciers, déclarés dans la wilaya d’Annaba, se sont convertis au grand jour en chalutiers de pêche, à la grande déception des professionnels. C’est également le même scandale qui a été signalé dans les deux wilayas côtières de l’extrême nord-est du pays, à savoir Skikda et El Tarf. Le comble, apprend-on auprès des responsables d’infrastructures portuaires, est que par un laisser-aller généralisé, certains plaisanciers sont équipés en matériel de pêche mieux que les professionnels. Plus grave encore, alors qu’ils sont extrêmement interdits de pêche, certains propriétaires de bateaux de plaisance se permettent des sorties nocturnes pour des parties de pêche. Pourtant, l’exercice de la pêche dans les eaux sous juridiction nationale est, de manière générale, subordonné à l’obtention d’une autorisation du ministre chargé des pêches, dénoncent les marins pêcheurs. Ainsi, le décret législatif fixant le régime juridique général régissant l’exercice de la pêche et de l’aquaculture en Algérie est continuellement bafoué ces dernières années dans le plan d’eau de l’extrême nord-est, qualifié de vivier, allant de la wilaya de Skikda à celle d’El Tarf, en passant par Annaba. À ces dépassements s’ajoute une autre activité tout aussi illégale. En effet, nous assistons, chaque été, dans cette partie du littoral algérien, à l’apparition d’une nouvelle activité clandestine qui fait l’objet d’un trafic de grande ampleur : la balade nautique en mer. Portant directement atteinte à l’économie et favorisant le blanchiment d’argent, cette activité nautique non autorisée, non déclarée et sans aucune règle de sécurité pour ce genre de loisir maritime demeure cependant très porteuse de gains quotidiens. Ces derniers sont estimés entre dix et vingt millions de centimes, au profit et au grand bonheur d’une frange de personnes sans scrupules. Selon des « bruits de vagues », au moins une dizaine de propriétaires de bateaux de plaisance, dont certains ne sont même pas dotés de matériel de sécurité à bord, se convertissent automatiquement, à chaque saison estivale, en organisateurs de balades en mer. Si à Annaba, ils opèrent hors de l’infrastructure portuaire du port de la Grenouillère, avec des embarcations de promeneurs se faisant au grand jour sur les plages de la Caroube, de Toche ou du Belvédère, ce n’est pas le cas aux ports et abris de pêche de Skikda et d’El Tarf, où des excursions nautiques sont organisées au grand jour. Même les embarcations de pêche pratiquent ce nouveau créneau, apparemment plus lucratif que les produits halieutiques, apprend-on auprès des professionnels, qui révèlent dans ce contexte l’existence d’un réseau de balades clandestines aux « mécanismes bien huilés ». Face à cette situation déplorable, il est impératif de prendre des mesures décisives pour redresser la situation, estiment les professionnels. Ils affirment avoir saisi les différentes instances concernées sur la pratique de la pêche dans l’opacité la plus totale. La mise en œuvre de la politique nationale des pêches visant notamment la protection et la préservation des ressources halieutiques par une exploitation rationnelle et organisée, à l’aide de moyens adéquats, n’est malheureusement nullement respectée par des plaisanciers qui exercent au grand jour sans aucune autorisation. La sonnette d’alarme est tirée.
B. Salah-Eddine
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