Chirurgien pédiatre depuis plus de 36 ans et praticien au Centre Hospitalier Universitaire (CHU) de Clermont-Ferrand (France), le Dr Thierry Scheye est également un acteur clé de l’action humanitaire et un pilier de la dynamique Association Santé Humanisme et Innovation Franco-Algérienne (ASHIFA) en Algérie. Présent à Sétif pour participer activement aux journées de la « master class » internationale d’endo-urologie pédiatrique organisé par le centre de chirurgie infantile du CHU de Sétif, il a accepté de répondre aux questions de L’Est Républicain. Lors de cet entretien, le chirurgien-chercheur revient sur ses missions précédentes à Constantine, Bordj Bou Arreridj, Laghouat, et Bousaâda, tout en soulignant l’importance de la coopération médicale entre les deux rives de la Méditerranée. Il partage également les résultats de ses dernières recherches et leur impact sur la pratique médicale pédiatrique. Un échange riche et instructif à découvrir…
Ce déplacement à Sétif n’est pas votre première mission en Algérie, particulièrement avec l’association ASHIFA. Pouvez-vous nous parler de votre collaboration avec cette organisation et de votre expérience en Algérie ?
En effet, j’ai réalisé de nombreuses missions de chirurgie pédiatrique en Algérie avec l’ASHIFA. Plusieurs missions à Constantine, à Bordj Bou Arreridj, à Laghouat, à Bousâada, et dans ces différentes villes, l’accueil a toujours été très chaleureux avec une collaboration très fructueuse aussi bien sur le plan chirurgical que dans les secteurs péri-opératoires.
Comment évaluez-vous les résultats des précédentes missions, notamment en termes d’actes chirurgicaux réalisés, de formation des équipes locales et du suivi des patients ?
Les résultats sont toujours très satisfaisants du fait de la bonne collaboration avec les praticiens, assistants et résidents. Nous réalisons le suivi des patients par visio-conférences ou par écrits sans aucun problème.
Les journées d’endo-urologie pédiatrique à Sétif s’annoncent comme un événement majeur. Quels en sont, selon vous, les objectifs principaux et les attentes ?
Différents sujets d’endo-urologie doivent être abordés sous la direction de la professeure Souhem Touabti, dont le rayonnement en chirurgie pédiatrique aussi bien en Algérie qu’en France n’est plus à démontrer. Ma partie concerne plus spécialement les injections de produits par voie endoscopique dans la vessie pour traiter certaines pathologies pédiatriques. Les débats seront vraisemblablement très fructueux.
Avec la participation de plus de 160 praticiens algériens et de confrères tunisiens, quelle est la singularité de cette rencontre dans le domaine de l’endourologie pédiatrique ?
La professeure Souhem Touabti nous montre sa capacité à mobiliser les chirurgiens pédiatres d’Algérie et de Tunisie et cette rencontre nous montre l’importance du CHU de Sétif. Les débats seront très riches et fructueux sur les différentes pathologies abordées.
Considérez-vous que cet événement puisse constituer une opportunité pour améliorer la prise en charge de pathologies complexes ou rares en pédiatrie ? Si oui, de quelle manière ?
Auparavant, certaines pathologies ne pouvaient pas être prises en charge en Algérie et des transferts très onéreux étaient nécessaires. Aujourd’hui, toutes ces pathologies peuvent être prises en charge sur place du fait de la qualité des opérateurs et d’un matériel et d’un environnement adaptés.
Pourriez-vous me parler des actes chirurgicaux programmés à cette occasion ?
Des pathologies vésicales seront traitées par endoscopie : reflux vésico-rénal, urétérocèle, injection de Botox, valves de l’urètre postérieur. Des plateaux techniques sont en principe programmés par Pr Touabti qui ne ménage aucun effort pour permettre à ses jeunes collègues chirurgiens de s’imprégner des nouvelles techniques chirurgicales.
Vos recherches, notamment sur la mise au point d’une pince à biopsie rectale et d’un bouton de gastrostomie, sont remarquables. Pourriez-vous nous expliquer l’impact de ces innovations sur la pratique médicale ?
La nécessité de matériel à usage unique m’a poussé à trouver un instrument permettant de réaliser des biopsies rectales en respectant l’asepsie. Auparavant, la pince était réutilisée après stérilisation, l’asepsie n’était pas toujours suffisante et la qualité des biopsies s’en ressentait après de multiples utilisations. Aujourd’hui, des embouts différents sont utilisés à chaque biopsie. Les biopsies concernent des pathologies dans lesquelles existe un trouble de l’innervation intestinale.
Quelle est, selon vous, l’importance de ces missions pour renforcer la coopération franco-algérienne en matière de chirurgie pédiatrique ?
Comme je l’ai déjà signalé, le rayonnement de la professeure Touabti en chirurgie pédiatrique est important, et en tant que secrétaire générale de la société de chirurgie pédiatrique d’Algérie, elle permet de renforcer cette collaboration entre de nombreux CHU français tels que ceux de Lyon, Paris, Lille et Clermont-Ferrand, et les CHU algériens et notamment celui de Sétif.
Cette mission à Sétif pourrait-elle ouvrir la voie à d’autres collaborations, que ce soit en Algérie ou à Clermont-Ferrand ? Avez-vous des projets futurs en ce sens ?
Les différents praticiens en chirurgie pédiatrique au sein de l’ASHIFA apportent leur expérience dans différents domaines tels que l’endoscopie, la coelioscopie et bien d’autres secteurs tout en profitant de l’expérience des chirurgiens pédiatres algériens dans tous ces secteurs et certaines pathologies comme les kystes hydatiques dont nous avons peu d’expérience.
Kamel Beniaiche
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