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Chute libre de l’euro sur le marché noir : Le glas commence à sonner pour les cambistes d’Annaba ?

Les cambistes, où qu’ils soient – en face de la gare ferroviaire, dans la rue Gambetta ou encore dans la wilaya d’El Tarf, du côté d’Oum Theboul, El Ayoun et El Kala – sont ces jours-ci en plein embarras, ne sachant plus où donner de la tête face à la chute inexorable de l’euro sur le marché parallèle. Pris de court par l’annonce surprise et inattendue de l’État concernant le nouveau montant de l’allocation touristique, fixée à 750 euros pour les adultes et 300 euros pour les enfants mineurs, ces acteurs du commerce informel vivent une véritable douche glaciale. En effet, l’euro, qui était échangé il y a environ un mois à hauteur de 26.000 dinars pour 100 euros, est aujourd’hui cédé entre 25.100 et 25.200 dinars pour la même somme. Cette baisse fait craindre le pire, selon un ancien cambiste : « Le temps n’est plus aux bonnes affaires. Le déclin de l’euro sur le marché informel est inexorable, sonnant le glas d’une activité en pleine déconfiture ». Sentant le vent tourner, certains cambistes préfèrent désormais éviter d’acheter de grosses sommes en devises, comme 10.000 euros ou plus, au moment où d’autres éprouvent énormément de difficultés à écouler leurs devises, avec 25.000 dinars pour 100 euros. De même, les habitués du « marché turc », eux aussi, sont sceptiques et ne bousculent plus pour l’achat de l’euro à la veille de chaque vol de Turkish Airlines vers Istanbul, pour des achats de vêtements et autres articles. Le désarroi est également à son comble chez les vendeurs de devises installés à l’autre côté de la Méditerranée, qui ont vu d’un mauvais œil la nouvelle allocation touristique, considérant qu’elle compromet leurs affaires. En effet, l’euro vendu à l’étranger est généralement plus cher, avec une majoration d’environ 200 dinars par rapport au taux local informel. Ces vendeurs justifient cette différence en évoquant l’évitement des formalités bancaires et des transferts de devises, pour des paiements liés à l’achat de voitures ou aux frais d’études, par exemple. De son côté, la monnaie tunisienne, étroitement liée à l’euro, connaît à son tour un net recul. Les 100 dinars tunisiens, cédés à 7.400 dinars algériens il y a une dizaine de jours, valent 7.000 dinars aujourd’hui. Cette même monnaie devrait encore dégringoler sur le marché parallèle dès l’entrée en vigueur de la nouvelle allocation touristique. À titre d’exemple, une petite famille partant en vacances en Tunisie pourra obtenir l’équivalent de près de 24.000 dinars tunisiens en banque contre 750 euros. Une somme suffisante pour couvrir des soins médicaux, tout en représentant un « gain net » d’environ huit millions par rapport au marché informel. Face à ces bouleversements, les cambistes anticipent une nouvelle chute des devises. Ils prédisent que les 100 dinars tunisiens pourraient s’échanger à 500 dinars algériens dans les mois à venir. Cette situation risque de perturber également la contrebande, rendant plus difficile et lent l’écoulement des produits alimentaires des supérettes qui se vendent actuellement rapidement. Enfin, cette mesure, qualifiée par des citoyens d’« allocation de la dignité », devrait s’accompagner de garde-fous visant à prévenir son détournement à des fins mercantiles. Cela contribuerait à réduire considérablement le marché parallèle, en attendant le coup de massue pour cette activité avec l’entrée en vigueur des bureaux de change.

Iheb

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