À l’ère de la numérisation des administrations, la consommation de papier demeure excessive, voire abusive, dans les services publics à Constantine, comme dans d’autres grandes métropoles algériennes. Ce paradoxe, souvent pointé du doigt, met en évidence la lenteur des administrations à opérer une transition effective vers des pratiques plus modernes et responsables. C’est ce que révèle un constat établi par les services de contrôle financier de la wilaya. Les dépenses enregistrées lors de l’exercice écoulé illustrent clairement cette situation préoccupante, selon un cadre du secteur, qui a souhaité garder l’anonymat. Ce dernier a ironisé sur le fait que « si l’Algérie est connue pour être l’un des plus grands consommateurs de pain, elle l’est aussi pour sa consommation de papier ». Derrière cette recommandation de réduction des dépenses se cachent, sans surprise, les mesures d’austérité imposées par la situation financière difficile du pays. Les autorités, conscientes de la nécessité d’agir, souhaitent rationaliser les budgets et adopter une gestion plus efficace des ressources, notamment en matière de fournitures de bureau. Des directives ont été émises à l’attention des chefs d’établissements et des ordonnateurs pour revoir leur gestion budgétaire liée à la consommation de papier. Parmi les mesures phares : l’utilisation systématique du papier en recto verso, afin d’optimiser son usage et de limiter les gaspillages. Cependant, cette recommandation ne fait pas l’unanimité. Si certains soutiennent qu’elle est nécessaire pour rationaliser les dépenses et alléger la pression budgétaire, d’autres y voient une contrainte supplémentaire dans des systèmes administratifs déjà complexes. Parmi les secteurs les plus gourmands en papier figurent les collectivités locales, l’éducation nationale, la santé et les finances. « La palme d’or revient incontestablement aux collectivités locales », précise notre interlocuteur avec un soupçon d’amusement. Ce débat met en lumière le défi de concilier numérisation, modernisation et réduction des coûts, tout en répondant aux besoins croissants des citoyens en matière de services publics. Une question demeure toutefois essentielle : les administrations sauront-elles réellement changer leurs habitudes pour adopter une gestion plus éco-responsable et durable, ou cette initiative restera-t-elle lettre morte, perdue dans les méandres des circulaires administratives ?
M. Kherrab
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