Le hall de l’hôtel Les Ziban de Biskra est orné, du 19 décembre 2024 au 19 janvier 2025, d’œuvres picturales de l’artiste Mourad Tabrha. Soutenue par l’Entreprise de Gestion Touristique (EGT) de Biskra en coordination avec l’association Mosaïque, laquelle œuvre pour la préservation et la promotion du patrimoine culturel et architectural, cette exposition, baptisée « Les Ziban en couleurs », est composée d’une vingtaine de tableaux de différents formats. Elle donne à voir des portraits de femmes et d’hommes des temps anciens, des paysages caractéristiques de la région des Ziban et des scènes de la vie quotidienne des habitants des douars ancestraux. Les plus anciens y reconnaitront les anciennes oasis de Branis, Djemorah, Chetma, Lichana, Bouchagroune, El Kantara, Sidi Okba et Biskra que l’artiste aime manifestement remettre au goût du jour et où la vie s’écoulait au rythme des saisons, des semailles et des tâches vivrières dans les champs, les souks et les palmeraies gorgées d’eau. Né en 1987, cet artiste est arrivé à un degré de maturité artistique méritant que l’on s’y attarde. Comme beaucoup de ses pairs à Biskra, il semble être mu par la nostalgie d’un temps révolu auquel il donne corps dans ses tableaux réalisés au couteau, qui est une technique relativement nouvelle de peinture. Il joue avec la lumière et les ombres, avec les couleurs rappelant celles fétichisées par les orientalistes et les impressionnistes et travaille les perspectives en usant des nuances de chaque ton de l’ocre, du rubescent, du fuchsia, du bleu, du gris et du blanc immaculé. Cela, dans l’intention de magnifier et d’exalter le passé, des réminiscences et des souvenirs lointains communs à tous les habitants des Ziban. « Très jeune, j’ai été initié et inspiré par le travail de Ahmed Yacine Moknadji. Cette exposition est l’aboutissement d’un processus d’étude et d’esquisses surgissant du passé pour imprégner mes tableaux. Si l’observateur y voit un ancrage dans le passé et l’expression de souvenirs et d’images fugaces d’une époque oubliée fixée par le truchement de la peinture, j’estime que j’aurai réussi mon entreprise. J’adore l’idée de laisser transparaitre à travers chaque tableau une forme de nostalgie et aussi de mélancolie inhérente à la vie traditionnelle », a-t-il confié. Plein d’ingénuité, il est prolixe et pédagogue. Il faut dire qu’il est issu de l’antenne de Biskra de l’École régionale des beaux-arts de Batna. Il est actuellement enseignant de dessin et de peinture décorative dans un institut de formation professionnelle. Il est aussi membre fondateur de l’association « Renaissance picturale et culturelle ». A la question de savoir si son art lui apporte de quoi subsister, il répond comme la majorité de ses pairs. « Dans notre société, l’art pictural est encore sous-estimé et marginalisé et rares sont les amateurs et les esthètes qui achètent des tableaux originaux. Nous n’avons pas un marché de l’Art permanent comme ceux des pays méditerranéens et du Qatar où tous les artistes peuvent présenter leurs travaux. Pour moi, vivre de son art est une question subsidiaire en l’état de la situation sociale. Ce qui compte est de progresser et d’améliorer ses techniques et la réussite s’imposera d’elle-même, me dis-je » a-t-il ajouté. En guise d’encouragement des artistes-peintres algériens, Mourad Tabrha propose que les députés votent une loi pour imposer aux administrations et institutions publiques, aux banque étatiques et aux écoles et instituts ainsi qu’aux hôtels et aux agences touristiques d’orner leurs murs et leurs salons d’accueil et restaurants d’au moins dix pour cent (10 %) d’œuvres artistiques de peintres algériens. Il suggère aussi de fonder un marché permanent de l’Art et « Biskra s’y prête parfaitement », et enfin de réaliser un magasine d’Art pictural pour le vulgariser et donner la parole aux artistes de tous bords. « Ça serait déjà une belle manière d’encourager la production artistique et d’engranger quelques dividendes pour les artistes », estime-t-il. A noter que le directeur de la Culture et des Arts de Biskra, le directeur de l’EGT de Biskra, des résidents à l’hôtel Les Ziban et de nombreux artistes ont assisté, jeudi 19 décembre, au vernissage de cette exposition, a-t-on relevé.
Hafedh Moussaoui
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