Décidément, il ne se passe pas un jour sans que les services de sécurité n’interceptent des quantités considérables de psychotropes, destinées à être écoulées par des réseaux de dealers à travers le pays. Aucune ville n’est épargnée par cette menace que les narcotrafiquants font régner, jetant des milliers de jeunes dans une addiction aux répercussions dramatiques. Dans son allocution prononcée à l’ouverture des travaux de la rencontre gouvernement-walis, Abdelmadjid Tebboune a évoqué longuement ce fléau. Le président de la République a mis les pouvoirs publics devant leur responsabilité et a appelé le gouvernement à « élaborer une stratégie nationale multidimensionnelle de lutte contre la drogue et les substances psychotropes durant le premier trimestre de 2025 pour protéger les jeunes contre les risques de ce fléau », en associant l’ensemble des acteurs à l’élaboration de cette stratégie. Le mal a pris une dimension préoccupante depuis de nombreuses années, au point de devenir une menace réelle pour la cohésion sociale. Il s’agit d’une véritable « guerre », imposée par des cercles mafieux autour d’un enjeu financier de plusieurs centaines de milliards de dinars. Les quantités saisies lors des opérations menées par les services de sécurité, tous corps confondus, donnent un réel aperçu sur la gravité de la situation. La semaine écoulée, les éléments de la Brigade de Recherche et d’Intervention (BRI) de la wilaya d’Ouargla ont réussi à mettre la main sur un lot de 120.000 gélules de Prégabaline 300 mg, « un médicament strictement contrôlé et d’origine étrangère », a indiqué un communiqué de la Direction Générale de la Sûreté Nationale (DGSN). Arrêté après avoir été identifié, le suspect utilisait son domicile comme entrepôt pour ces substances illicites. Durant la même semaine, mais cette fois à In Amenas, c’est un groupe composé de plusieurs éléments qui a été neutralisé, après un accrochage à la suite duquel les éléments de l’Armée Nationale Populaire (ANP) ont réussi à récupérer deux véhicules (Toyota Station), trois mitrailleurs de type FMPK, deux autres de type AKM, des munitions de différents calibres, et près de 2,5 millions de comprimés Prégabaline 300 mg. En juin, les autorités avaient procédé à la publication d’un arrêté portant classification des plantes et substances classées comme stupéfiants, psychotropes ou précurseurs. Le ministère de la Santé a donc introduit une nouvelle classification nationale, selon laquelle trois médicaments ont été inclus dans la liste des substances psychotropes, dont le trafic et l’utilisation illégaux sont punis par la loi. Ces trois produits pharmaceutiques sont la prégabaline, connue sous le nom commercial Lyrica et médicament utilisé dans le traitement des douleurs neuropathiques, des crises d’épilepsie et également dans le traitement des troubles du stress post-traumatique, comme l’anxiété généralisée. Le tramadol, un antalgique conçu pour calmer la douleur, puisqu’il possède le même effet que la morphine et enfin le trihéxyphenidyl, utilisé pour traiter les symptômes de la maladie de Parkinson. Le trafic de ces psychotropes est devenu passible d’une peine pouvant aller jusqu’à 30 ans de prison et dans le cas où il s’agit d’un réseau, tous ces membres risquent la réclusion à perpétuité. L’option répressive sera-t-elle pour autant suffisante ? Elle est certes incontournable, mais il y a également la nécessité de la consolider, au sein d’une stratégie globale mettant à contribution de nombreux secteurs, afin que les jeunes victimes s’en sortent à travers une prise en charge sociale pluridisciplinaire.
Mohamed Mebarki
Partager :