L’année 2025 s’annonce autant prometteuse que délicate pour la diplomatie algérienne : déjà éprouvée par une année 2024 très compliquée, elle sera mise à rude épreuve pour l’année qui s’ouvre. Mais les choses commencent par une bonne nouvelle : l’Algérie préside, pour ce mois de janvier, le Conseil de Sécurité des Nations unies, dont elle est membre non permanent depuis l’an dernier. Comme pour 2024, le rôle de l’Algérie se concentrera sur les questions liées à l’Afrique et au Moyen-Orient, plus particulièrement la Palestine. À ce titre, elle prévoit d’organiser au niveau ministériel le débat public trimestriel du Conseil sur « la situation au Moyen-Orient, y compris la question palestinienne ». Le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, devrait prendre part à l’évènement. Mais en dehors de cela, le rôle du président du Conseil de Sécurité des Nations-Unies est avant tout protocolaire. En dehors du Conseil de Sécurité, l’Algérie a fort à faire dans d’autres régions du monde. C’est surtout le cas en Afrique, particulièrement au Sahel. Avec l’échec de la transition et de la solution militaire au Mali, les pays voisins, et plus particulièrement l’Algérie, ont un rôle primordial à jouer pour le sortir de sa double crise, politique et sécuritaire. Le retour au processus de dialogue est désormais inévitable, même si les tenants du pouvoir à Bamako ne veulent rien entendre. En effet, ils seront bien obligés de négocier avec les groupes touareg et d’autres factions, malgré les interférences étrangères, y compris russes. C’est d’ailleurs ce qu’a confirmé le chef de la diplomatie algérienne, Ahmed Attaf, lors de sa récente conférence de presse. Il a souligné que la solution politique et diplomatique est la base du règlement des conflits en Afrique, comme l’ont démontré les expériences historiques, soulignant que « les tensions actuelles dans la région sahélo-saharienne ne sont pas les premières du genre dans l’histoire de cette région en proie aux tiraillements ». Sur la crise en Syrie, l’Algérie s’est un peu égarée dans sa position initiale, puisque dès que les groupes armés avaient fait route vers Damas et d’autres villes syriennes, le ministère algérien des Affaires étrangères avait réaffirmé son appui au gouvernement du président déchu, Bachar Al Assad. Un communiqué de la diplomatie algérienne avait même qualifié les opposants de terroristes. Mais l’Algérie a eu le bon réflexe de ne pas retirer son ambassadeur à Damas et devra désormais travailler avec les nouvelles autorités, puisque selon Ahmed Attaf, « l’Algérie travaille avec les États et non pas les gouvernements ». Si les deux gouvernements n’ont pas encore communiqué, cela ne saurait tarder. L’autre dossier lourd est sans aucun doute celui du Sahara occidental. Alger continuera ainsi à soutenir le peuple sahraoui dans son combat pour l’autodétermination. Une mission qui sera plus compliquée avec le retour de Donald Trump au pouvoir aux États-Unis, ce qui nécessitera plus d’ingéniosité. De manière plus globale, l’Algérie tentera de jouer un rôle plus important au sein du continent africain, où elle a perdu en influence. La récente tournée d’Ahmed Attaf dans certaines capitales africaines prouve cette volonté de redéploiement, à cela s’ajoute la volonté nationale de pousser vers des réformes des instances continentales, notamment l’Union africaine. Une œuvre très compliquée, mais très à la portée de l’Algérie, qui a toujours joué un rôle de moteur au sein de l’organisation panafricaine.
Akli Ouali
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