Dans un communiqué peu diplomatique, le ministère malien des Affaires étrangères s’en est violemment pris à l’Algérie. La junte militaire au pouvoir n’a pas apprécié les déclarations faites lundi passé par le ministre des Affaires étrangères, Ahmed Attaf. Ce dernier avait en effet affirmé que la seule solution au Mali était « politique » et que le dialogue avec « les groupes politiques et militaires » était à même de résoudre la crise dans ce pays, qui vit au rythme des coups d’État depuis son indépendance. Pour Bamako, les déclarations d’Attaf étaient « une ingérence » dans les affaires intérieures du Mali. Le communiqué du ministre malien des Affaires étrangères est allé plus loin, qualifiant sans les citer les groupes armés touareg de « groupes terroristes », qui seraient soutenus par l’Algérie. Une accusation très grave, contre un pays qui a toujours tenté de servir d’intermédiaire dans le conflit entre parties maliennes, malgré la persistance des combats armés. Pis, cette accusation est d’autant plus injuste que le ministre algérien a réitéré son refus de « permettre » à ces groupes d’imposer une solution armée. « Tout le monde va finir par revenir à la table des négociations conformément aux principes de la Déclaration d’Alger », avait précisé Attaf. Mais pour certains observateurs, la dernière sortie des autorités maliennes est perçue comme une attaque venue d’ailleurs. Le langage employé et les références à de supposées « crises internes » en Algérie, rappellent les déclarations de l’ambassadeur du Maroc aux Nations unies. Pis, certaines flèches, notamment celles accusant les groupes armés de l’Azawad comme « terroristes », sont semblables aux vocables employés par les autorités russes, qui distribuent facilement ce qualificatif à tous les groupes qui leur tiennent tête. Les Russes, comme les Maliens, n’oublieront certainement pas de sitôt l’attaque meurtrière des combattants du Nord du Mali contre leurs troupes coalisées. Des attaques qui ont quand même causé une cinquantaine de morts et des dizaines de blessés et de prisonniers parmi les militaires maliens et les miliciens de Wagner, dont des Russes. On se souvient que pour seule riposte, l’armée malienne a lâché ses drones sur des populations civiles, tuant femmes et enfants dans la région de Tin Zaouatène. Sans intervenir directement, l’Algérie a ainsi décidé après cette attaque de mettre fin à l’incursion des militaires maliens, envoyant des avertissements et exerçant une pression diplomatique sur la Russie, afin qu’elle ne s’approche plus de ses frontières. Une double action qui a porté ses fruits, puisque les attaques ont cessé. Mais la crise au Mali va en s’aggravant et le temps prouve que la solution militaire a échoué. Cette sortie maladroite des autorités maliennes va certainement provoquer une réaction de l’Algérie, mais elle ne viendra qu’après mûre réflexion.
Akli Ouali
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