Quelle approche, vont adopter les pouvoirs publics vis-à-vis de l’expansion des cours particuliers, après l’approbation en Conseil des ministres du statut particulier des fonctionnaires de l’éducation ? Lors d’une récente intervention en séance plénière, tenue à l’Assemblée Populaire Nationale (APN), Mohamed Seghir Saâdaoui, ministre de l’Éducation, a abordé cette question avec beaucoup de tact et de pédagogie, afin de ne pas donner lieu à des interprétations spéculatives, mais sans pour autant verser dans un discours « soluble ». D’emblée, il a reconnu que le recours massif aux cours privés, appelés prosaïquement cours de soutien scolaire, reflète une problématique de fond qui touche le secteur de l’éducation. « Lorsque les élèves se tournent massivement vers les cours particuliers, cela signifie qu’il y a un problème », a-t-il concédé. Des propos qui traduisent des préoccupations majeures, engendrées par une pratique échappant à tout contrôle, mais dont l’un des effets est la remise en question de la crédibilité de l’enseignement public. Saâdaoui a admis que la situation globale générée par ce phénomène, qui ne cesse de prendre les proportions d’une véritable activité informelle et que l’État tolère pour des raisons objectives, ne révèle pas seulement les lacunes détectées dans l’enseignement assuré dans les établissements scolaires publics, mais soulève aussi la question des conditions de travail des enseignants. Tout en soulignant la généralisation du « phénomène », qui ne se limite en effet plus aux classes d’examen, mais s’est étendu à tous les paliers, le ministre a tenu à réaffirmer l’engagement de son département à assurer un enseignement de qualité au sein des écoles publiques. Il a estimé que l’amélioration du statut des enseignants, dont les conditions de vie et de travail sont considérées comme étant des priorités, va contribuer à la limitation du recours aux cours privés, tout en renforçant l’attractivité et l’efficacité du système public. Il est à rappeler que la totalité des enseignants impliqués directement dans la gestion et la tenue des cours particuliers sont guidés par des motivations financières. « Le recours des enseignants aux cours privés est essentiellement motivé par des besoins matériels », a consenti Saâdaoui. Qualifiés de « fléau » par le ministre, les cours privés vont-ils se contracter sous l’impact du nouveau statut particulier de fonctionnaires de l’éducation ? La question demeure posée. Pour le ministre, la lutte contre les cours particuliers passe par une amélioration globale de la qualité de l’éducation. Cet objectif inclut, selon lui, le soutien aux enseignants, une réforme pédagogique et une meilleure gestion des ressources. Quoi qu’il en soit, l’heure a sonné pour que l’enseignement public reprenne sa place dans la société. La volonté affichée par le ministre de reprendre les choses en main est aujourd’hui évidente. Considéré comme un droit constitutionnel, l’éducation, notamment celle assurée par l’école publique, devrait reprendre ses deux principaux aspects : performance et équitabilité. Il est temps maintenant pour que le « phénomène » des cours particuliers se réduise à sa plus simple expression et avec lui la fin de ce qu’on appelle hypocritement la « double vacation ».
Mohamed Mebarki
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