Loin de s’améliorer, les relations entre l’Algérie et la France continuent de se dégrader. C’est ce que confirment les dernières déclarations du ministre français des Affaires étrangères, Jean-Noël Barrot. Dans une déclaration faite hier samedi à la radio RTL, le chef de la diplomatie française a émis des « doutes » sur « les intentions » de l’Algérie, quant à la normalisation de ses relations avec son pays. « Nous avons en 2022 (…) rédigé une feuille de route (…), nous tenons à ce qu’elle puisse être suivie », a-t-il déclaré. « Mais nous observons des postures, des décisions de la part des autorités algériennes qui nous permettent de douter de l’intention des Algériens de se tenir à cette feuille de route. Parce que pour tenir la feuille de route, il faut être deux », a-t-il ajouté. Parmi les décisions algériennes qui semblent gêner Paris, Barrot cite le cas de l’écrivain Boualem Sansal, incarcéré depuis le mois de novembre pour avoir émis des doutes publics sur le tracé des frontières ouest de l’Algérie. « Comme le président de la République, je suis très préoccupé par le fait que la demande de libération adressée par Boualem Sansal et ses avocats a été rejetée », a indiqué le ministre français, avant de relever : « Je suis préoccupé par son état de santé et (…) la France est très attachée à la liberté d’expression, la liberté d’opinion et considère que les raisons qui ont pu conduire les autorités algériennes à l’incarcérer ne sont pas valables ». Une sortie qui marque un tournant, car jusque-là, en réponse aux décisions algériennes, les autorités françaises se sont contentées de réaffirmer que la feuille de route signée à Alger en août 2022 était la référence dans les relations entre les deux pays. C’était le cas il y a encore quelques jours, lorsque le porte-parole du Quai d’Orsay avait rappelé que la France s’en tenait à cette feuille de route, en réponse aux déclarations du président de la République, Abdelmadjid Tebboune, qui avait rappelé la semaine dernière, les conditions de l’Algérie pour une normalisation des relations entre les deux pays, insistant notamment sur la nécessité pour la France de « reconnaître » les crimes coloniaux commis en Algérie de 1830 à 1962 et fustigeant également les dernières prises de position de l’Hexagone sur la question du Sahara occidental. Pour ne rien arranger à la situation, les autorités françaises ont procédé ces derniers jours à des arrestations parmi certains influenceurs algériens qui menaceraient des opposants au pouvoir algérien. L’un d’eux, à qui la justice française reproche des menaces de mort, incitation à la haine et apologie du terrorisme, a été placé en détention provisoire, en attendant son procès, prévu pour se tenir le 24 février. Un autre Algérien sera jugé aujourd’hui, en comparution immédiate, pour les mêmes faits, alors qu’un troisième est sous le coup d’une enquête. Un coup de filet d’autant plus étonnant que les autorités françaises n’ont jamais réagi lorsqu’il s’est agi d’influenceurs s’en prenant aux autorités algériennes. À cela s’ajoute la poursuite des attaques émanant des médias et personnalités de l’Extrême droite française contre l’Algérie. Une situation qui n’inspire donc pas la sérénité dans les relations entre les deux États.
Akli Ouali
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