C’est plus qu’une véritable bombe que Salah Assad vient de lâcher lors de son récent passage sur le plateau d’une chaîne de télévision privée et repris par TSA. Sa révélation concernant la finale de la CAN 1980 ayant opposé le Nigéria, pays organisateur de la compétition, à l’Algérie est d’une telle teneur qu’elle est susceptible de provoquer une grosse polémique, à défaut d’un cataclysme, si d’autres joueurs, titulaires et remplaçants ayant participé à la rencontre, qui a eu lieu le 22 mars 1980 au Lagos national stadium, décideraient d’apporter leur témoignage. L’ancien international, qui est connu pour son sens de la mesure et la pondération, a déclaré que les joueurs algériens ont été sommés de lever le pied en abandonnant volontairement la victoire à leurs adversaires. Les propos de Salah Assad ne pourraient en aucun cas être considérés comme un fait anodin, même s’ils concernent un événement sportif vieux de 45 ans. Selon lui, ordre a été donné aux joueurs de se contenter de faire de la figuration dans un match qu’ils ont finalement perdu en encaissant 3 buts en présence de plus de 80 000 nigérians chauffés à blanc. D’après lui, c’est le ministre de la Jeunesse et des sports de l’époque, en l’occurrence Djamel Houhou, qui était venu voir les joueurs pour les informer que leur mission était pleinement accomplie avec leur accession à la finale. Toujours selon l’ancien international, le ministre a indiqué qu’il avait été envoyé par le président de la République, Chadli Bendjedid. Celui-ci avait expliqué que c’est sur la demande du président du Nigeria, Alhaji Shehu Shagari, qui « voulait que la coupe reste chez lui », afin d’éviter que les troubles politiques et sociaux, qui secouaient le pays, ne s’aggravaient davantage. Si l’on croit celui, qui se distingua plus que les autres joueurs de sa génération par son engagement politique, c’était sur injonction politique que l’équipe nationale avait laissé passer une chance historique d’emporter son premier trophée continental, d’autant plus qu’elle possédait une armada de joueurs talentueux et hautement performants. Pourquoi une telle révélation, et aujourd’hui ? Connu pour être un joueur très politisé, Salah Assad n’aurait pas fait une telle déclaration s’il n’avait pas une idée derrière la tête, mais laquelle ? Toute la question est là. Aujourd’hui, Chadli Bendjedid, Djamel Houhou et Mahieddine Khalef, qui occupait alors le poste de sélectionneur national, ne sont plus de ce monde. Mais il reste les joueurs, notamment les plus en vue comme Kouici, Belloumi, Guendouz ou Madjer, pour ne citer que ces derniers. L’un d’entre eux va-t-il enchaîner pour parler de cette « vérité pour l’histoire » ? Quoi qu’il en soit, il s’agit d’une révélation troublante à plus d’un égard, sans perdre de vue son timing. Salah Assad a habitué le public algérien à des interventions responsables, exprimées sur un ton modéré. Il n’est pas de cette catégorie de célébrités à la recherche perpétuelle du buzz. A quoi va donc servir cette « vérité pour l’histoire » ? Dans un contexte où on ne dit rien pour rien, les Algériens ont bien le droit de comprendre.
Mohamed Mebarki
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