Icône de la musique à Biskra : Houba rend l’âme dans la discrétion

Connu de tous sous le diminutif de Houba, Abdelouahab Benkaddour a rendu l’âme hier matin, samedi 18 janvier, à l’Établissement Public Hospitalier (EPH) Hakim Saadane de Biskra où il avait été admis en urgence, quelques jours avant, pour des troubles gastriques et hépatiques préoccupants, a-t-on appris. La nouvelle du décès de cette icône de la scène artistique de la Reine des Ziban s’est propagée à travers les réseaux sociaux et a jeté un voile de profonde tristesse et de deuil parmi sa famille, ses proches et tous les habitants de la ville qui lui reconnaissaient une stature de véritable artiste-musicien et joueur de guitare talentueux ainsi que de compositeur de chansons en arabe dialectale où il laissait libre cours à sa fibre poétique. Né en 1956 à Biskra, il a grandi au quartier Dhalaa. Très jeune, il a découvert la guitare et ne cessera plus de parfaire son jeu et la maîtrise de cet instrument avec lequel il excellera à chanter, avec ses copains, des tubes de la pop anglaise, de la variété française et des musiques du monde entier dont « Black Magic Woman » de Santana ou « Hey Joe » de Jimi Hendrix, se rappellent ses amis. Après les deux ans de son service militaire à Oran dans les années 1970, il reprend sa guitare et décide de s’y consacrer. On ne lui connait aucun autre métier. Il transforme la maison familiale en local de répétitions et de formation pour des dizaines de jeunes qui bénéficieront de son appui et de ses conseils. A force de gentillesse et de disponibilité pour tous, Houba s’est formé une réputation d’homme calme, lunatique et pacifiste que seule la musique intéresse et émeut. Devenu grand-père de nombreux petits-enfants, il avait effectué le pèlerinage à la Mecque, avait été honoré en 2023 par le comité des fêtes de l’Assemblée Populaire Communale (APC) de Biskra et avait bénéficié d’une modique allocation périodique de la Direction de l’Action Sociale et de la Solidarité (DASS). Des faits qui l’avaient ravi, avait-il confié avec un sourire discret et son regard de grand enfant. Ses amis ont tous commenté cette disparition soudaine. « Nous perdons une autre précieuse perle du chapelet de notre vie », a chuchoté Tayeb Souidi. « Adieu grand frère Houba, Tu vas défaire nos décors quotidiens car tes notes de guitare et tes belles mélodies ne résonneront plus. Que Le Tout Puissant t’accorde Sa Sainte Bénédiction », a ajouté Faycal Belebcir. « Avec ton départ vers un monde meilleur, Biskra perd une de ses pétales les plus emblématiques », a murmuré Hocine Saouli dit Abid. « La Reine des Ziban voit partir un autre de ses artistes qui laisse un vide incommensurable dans le cœur et l’âme de ses habitants. Houba est parti dans la discrétion sans rien demander, comme à son accoutumée, que de pouvoir toucher et étreindre sa guitare », se lamente Hassan Belabidi. Des centaines de personnes profondément peinées par cette perte ont suivi, hier après-midi, le cortège funéraire et ont assisté à l’enterrement, au cimetière d’El Boukhari, de ce fils de Biskra « qui aura laissé des souvenirs impérissables dans les esprits de tous ceux qui l’ont connu et côtoyé », a-t-on relevé.

Hafedh Moussaoui