L’église Saint-André, située au cœur de la ville de Collo, à l’ouest de Skikda, se trouve aujourd’hui dans un état de délabrement préoccupant. Ce monument historique, qui surplombe la place publique à proximité du siège de l’Assemblée Populaire Communale (APC), présente des signes alarmants de détérioration : vitres brisées, murs effondrés, structure fragilisée par les assauts du temps. Face à cette situation, les habitants de l’antique Chullu tirent la sonnette d’alarme et appellent les autorités locales, y compris les services de la wilaya, à intervenir d’urgence pour engager un processus de restauration. Construite en 1862 et mise en service vers 1870, l’église Saint-André témoigne de la riche histoire de Collo, ville berceau du mouvement national et carrefour des civilisations de l’Est algérien, comme l’attestent de nombreux historiens. Son histoire post-indépendance est tout aussi significative. Après le retrait des croix au lendemain de l’Indépendance, l’édifice a accueilli diverses activités administratives, selon les informations recueillies auprès de quelques intellectuels locaux. Dans les années 1970, le bâtiment a été restauré et transformé en centre culturel, géré par la direction de la Culture de la wilaya de Skikda. Cependant, après une décennie d’exploitation, les lieux ont été désertés. Aujourd’hui, ce monument imposant qui abritait autrefois une riche activité culturelle se trouve à l’abandon, victime d’une marginalisation croissante. Plusieurs options de reconversion auraient pu être envisagées : sa transformation en salle de cinéma, en musée local, en attraction touristique pour dynamiser ce secteur, ou encore sa conversion en école coranique sous l’égide du ministère des Affaires religieuses. Malheureusement, l’absence d’un cadre juridique permettant son transfert entre les différentes directions administratives, couplée à l’inexistence d’un budget de gestion, maintient l’église dans un état d’abandon total, sans équipement ni activité. La situation est d’autant plus préoccupante que la structure présente désormais des risques pour la sécurité publique. L’imposante façade vitrée menace de s’effondrer à tout moment, mettant en danger les passants. L’horloge de l’église, dont les aiguilles se sont figées, symbolise ce temps suspendu et cette détérioration progressive. Les habitants de Collo déplorent l’inaction du conseil municipal face aux nombreuses réclamations déposées, particulièrement par les acteurs culturels locaux. Ils attendent désormais une intervention urgente, que ce soit à l’échelle de la wilaya ou de la commune, pour sauver ce patrimoine architectural de l’oubli. L’église Saint-André de Collo reste ainsi le témoin silencieux d’un abandon que beaucoup jugent incompréhensible face à son potentiel historique et culturel.
Djamel Dib
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