Malgré les appels à l’apaisement lancés par d’illustres personnalités politiques françaises, dont Dominique de Villepin, qui a occupé le poste de Premier ministre de mai 2005 à mai 2007, après avoir été successivement secrétaire général à l’Elysée, ministre des Affaires étrangères puis ministre de l’Intérieur, Bruno Retailleau poursuit hargneusement ses attaques contre l’Algérie. Affichant ouvertement une position anti-algérienne, l’actuel ministre de l’Intérieur, porté par une extrême-droite vindicative et malveillante, ainsi que d’une partie de la droite, a mis tout son acharnement sur la révocation de l’accord de 1968 sur l’immigration dans le cadre d’une campagne haineuse, qui vient de connaitre son paroxysme à la suite de l’affaire Sansal et le fiasco de l’expulsion ratée du youtubeur algérien. S’inscrivant dans une logique d’escalade et de surenchère, Bruno Retailleau a opté pour le chantage à propos d’un dossier, dont toute modification nécessiterait une « négociation diplomatique complexe ». En réaction à cette atmosphère exacerbée, l’Union des avocats franco-algériens a tenu à répondre aux « allégations de certaines personnalités politiques françaises et les interprétations biaisées » amplifiées médiatiquement. Réunie en Assemblée générale ordinaire à Paris, le 16 janvier dernier, l’UAFA a exprimé ses vives préoccupations à l’encontre des « contrevérités avancées, présentant cet accord comme un avantage particulier pour les ressortissants algériens souhaitant s’installer en France ou accéder à l’emploi ». Pour l’organisation, il s’agit d’une « vision simpliste », reflétant « une méconnaissance totale de la réalité juridique et historique », et relevant « davantage du mythe que des faits ». « L’accord de 1968 avait initialement pour objectif de remplacer la déclaration annexée aux accords d’Evian du 19 mars 1962, qui était véritablement favorable aux Algériens. L’article 7 de cette déclaration garantissait aux ressortissants algériens résidant en France les mêmes droits que les Français, à l’exception des droits politiques ». Tout en apportant ces explications d’ordre juridique, l’UAFA a indiqué que cet accord a été vidé de sa substance. « Loin d’être un avantage immuable, l’accord de 1968 a subi des modifications successives, notamment à travers les avenants du 22 décembre 1985, du 28 septembre 1994, et du 11 juillet 2001, qui ont progressivement réduit les privilèges qu’il octroyait », a-t-elle fait savoir. « Lors de la crise pétrolière des années 1970, l’Algérie a mis fin unilatéralement aux accords sur la main-d’œuvre, interrompant le quota annuel de 35 000 travailleurs algériens, autrefois prévu en sus de l’immigration individuelle », a précisé l’UAFA, soulignant que « les dispositions actuelles de l’accord de 1968 modifié n’offrent en réalité aucune facilité particulière aux ressortissants algériens pour s’installer ou travailler en France ». Pour illustrer son argumentation, l’UAFA a exposé quelques cas très significatifs concernant le visa long séjour, qui depuis son instauration en 1994, il est devenu extrêmement difficile aux Algériens pour l’obtenir, « rendant leur installation en France quasi impossible ». Même pour le regroupement familial, dont la procédure est assimilée à « un véritable parcours du combattant pour les familles algériennes ». Ou le dispositif consacré aux mineurs : « contrairement aux ressortissants d’autres nationalités qui peuvent obtenir un titre de séjour à 13 ans, les mineurs algériens doivent avoir été présents en France avant l’âge de 10 ans pour y prétendre à leur majorité », relève l’UAFA. En ce qui concerne les étudiants algérien, l’UAFA signale que ceux-ci « sont tenus de quitter le territoire français à l’issue de leurs études, alors que les étudiants d’autres nationalités bénéficient d’un titre de séjour leur permettant de rechercher un premier emploi ». Pourquoi cette réalité a été occultée par des affabulations, s’interroge L’Union, qui démontre par des chiffres que l’immigration algérienne n’est pas aussi massive comme le prétend l’extrême-droite française. Pour l’UAFA, les critiques portées sur l’accord de 1968 modifié sont totalement infondées.
Mohamed Mebarki
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