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L’hôpital de 240 lits d’El Eulma, deuxième agglomération de la wilaya de Sétif, continue de faire couler de l’encre. Lancé en 2010, ce projet, dont les délais de réalisation sont devenus un véritable casse-tête, peine toujours à voir le bout du tunnel. Annoncée dans notre édition du mardi 10 décembre 2024, la relance des travaux – dont il ne reste que 15 % à réaliser – s’est finalement avérée être un simple effet d’annonce.
Aujourd’hui, les travaux sont une nouvelle fois ralentis, voire totalement bloqués, par l’éternel problème du financement, principal obstacle aux grandes opérations laissées en suspens. Ce projet, qui a déjà englouti plus de 300 milliards, ne sera vraisemblablement pas fonctionnel avant fin 2025, soit quinze ans après le début du chantier. Celui-ci est, faut-il le rappeler, victime d’une bureaucratie d’un temps révolu. « Figée », la bureaucratie est la principale source de tous les malheurs d’un hôpital qui n’en finit plus avec les « lenteurs » et les « procédures » administratives, quinze ans après. Aux dernières nouvelles, les sept entreprises ayant retiré le cahier des charges pour achever les travaux ont, pour la plupart, renoncé. L’ouverture des plis a été, nous dit-on, infructueuse, au grand dam des patients et des professionnels de la santé. Pour ces derniers, ce nouvel hôpital représente une opportunité majeure, tant pour l’ouverture de nouveaux services que pour la formation médicale, avec des terrains de stage et des postes pour la post-graduation, actuellement en déficit. Et pourtant, il ne manque « que » 35 milliards, soit l’équivalent du coût d’un Collège d’Enseignement Moyen (CEM), pour achever cette infrastructure stratégique. Cette somme vient s’ajouter au solde de l’autorisation de programme, estimé à 130 milliards, destiné à financer les derniers travaux : électricité, climatisation, boiserie et Voirie et Réseaux Divers (VRD). Face à cette impasse, le wali, Mustapha Limani, ne reste pas inactif. Il aurait adressé une correspondance au ministre de la Santé, l’exhortant à agir rapidement, en concertation avec son collègue des Finances, pour débloquer ces 35 milliards et permettre l’achèvement du projet. Les soignants, eux, tirent la sonnette d’alarme : « Les pouvoirs publics doivent mettre les bouchées doubles pour débloquer les fonds restants. On n’a plus de temps à perdre, d’autant plus que les fournisseurs des équipements médicaux sont déjà désignés. À terme, nous risquons de nous retrouver avec du matériel coûteux inutilisable faute de locaux prêts à l’accueillir. Il faut faire pression pour livrer cet hôpital, qui permettrait de réduire la pression sur le Centre Hospitalier Universitaire (CHU) de Sétif, où les conditions de travail sont loin d’être idéales. Les retards cumulés pénalisent tout le monde, à commencer par les patients les plus lourds. Nous invitons le ministre de la Santé à se rendre à Sétif, non seulement pour mettre un terme au feuilleton interminable de l’hôpital d’El Eulma, mais aussi pour constater de visu l’état critique de ce secteur dans la deuxième wilaya du pays en nombre d’habitants », confient, non sans colère et lassitude, plusieurs hospitalo-universitaires qui espèrent faire de cette structure un pôle d’excellence. Par ailleurs, les travaux de l’hôpital de 60 lits de Bouandas, chef-lieu de daïra situé à 75 kilomètres au nord-ouest de Sétif, ont enfin été lancés, au grand soulagement de la population. L’opération devrait être achevée dans un délai de 36 mois, comme promis. De son côté, la polyclinique de Tala Ifacène, programmée depuis longtemps, est terminée, mais sa mise en service reste conditionnée par l’acquisition des équipements nécessaires. Quant aux services d’hémodialyse de Béni Aziz et Béni Ouartilane, leur réalisation avance à un rythme de « petit trot », avec un taux d’avancement qui, nous dit-on, ne dépasse toujours pas les 35 %.
Kamel Beniaiche
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