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Hommage à Felix Louis Giro Colozzi : Ces frères d’armes qu’on n’oublie jamais

Qui sont ces Français de souche, qui ont bravé les dangers, en ralliant la glorieuse lutte de libération nationale, alors que la majorité de leurs compatriotes, s’ils n’ont pas soutenu la répression féroce menée par l’armée et l’administration coloniale, s’étaient enfouis dans un silence plus ou moins complice ? Ils sont nombreux, dont l’itinéraire est resté dans l’anonymat, malgré le travail fastidieux de beaucoup d’historien. On se rappelle bien de Maurice Audin, Henri Maillot, Fernand Iveton ou de Maurice Laban, ces Français, qui ont pris une part active au combat des Algériens à l’instar de René Vautier, le cinéaste, qui a réussi à immortaliser la résistance héroïque d’un peuple en lutte. Parmi ces derniers, figure en bonne place Felix Louis Giro Colozzi, décédé le 14 février en France à l’âge de 95 ans, dont la famille a été destinataire d’un message de condoléances envoyé par Abdelmadjid Tebboune. Il avait rejoint les rangs de l’ALN en juillet 1956 et s’est engagé par conviction dans un itinéraire révolutionnaire auquel il croyait profondément. Avant de rejoindre le parti communiste algérien et les comités de défense des libertés, crées sous la direction de Bachir Hadj Ali et Sadek Hadjeres, il avait milité dans les rangs du syndicat CGT ; et c’est à travers ce syndicat qu’il prit conscience des inégalités sociales, avant de côtoyer de très près l’enfer dans lequel vivait la majorité des Algériens. Les deux premières années de la guerre de libération nationale lui ont permis par la suite de mieux s’imprégner de la réalité coloniale, et de trancher en s’engageant dans les réseaux clandestins, quitte à payer le prix fort. Il contribua avec une grande bravoure à plusieurs actions spectaculaires, avant d’être arrêté et condamné sans appel aux travaux forcés à perpétuité. Ce n’est qu’en 1962, au lendemain de l’indépendance de l’Algérie qu’il est libéré. Et c’est en Algérie qu’il poursuivit sa carrière professionnelle jusqu’à sa retraite en 1992. Avant de mourir, il avait exprimé le souhait d’être inhumé en Algérie. A ces combattants, qui se sont engagés jusqu’au bout, et à qui il faut rendre hommage, il y’a lieu de rappeler les autres Français, intellectuels et personnalités publiques, qui avaient défendu le droit à leurs compatriotes « d’apporter aide et protection aux Algériens opprimés au nom du peuple français », à l’image de Simone de Beauvoir, François Maspero, Jean-Paul Sartre, Simone Signoret et François Truffaut. Les signataires du manifeste ont été victime d’une implacable répression pour avoir osé défier la France coloniale.
Mohamed Mebarki
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