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Trois ans après la dégradation de leurs relations diplomatiques, l’Algérie et l’Espagne retrouvent peu à peu des relations normales. Hier, les ministres des Affaires étrangères des deux pays se sont rencontrés pour la première fois depuis mars 2022. En marge de la rencontre des pays du G20, qui regroupe les 20 économies les plus émergentes, à laquelle l’Algérie a participé aux côtés des autres puissances économiques d’Afrique, le ministre des Affaires étrangères, Ahmed Attaf, s’est longuement entretenu avec son homologue espagnol, José Manuel Albares. Selon les images rendues publiques par le ministère, les deux hommes se sont donné une accolade chaleureuse, avant d’entamer des discussions élargies aux diplomates des deux pays. Au menu : les relations bilatérales, plus particulièrement économiques, la situation en Palestine et la crise sécuritaire au Sahel. Le document des Affaires étrangères n’a cependant pas précisé si les deux responsables ont évoqué la question du Sahara occidental, mais tout porte à croire que le sujet, sur lequel les deux pays divergent, a été évacué des discussions pour éviter de nouvelles frictions, surtout que Madrid n’a pas varié depuis son revirement historique en mars 2022. Cette rencontre entre les deux chefs de la diplomatie intervient dans un moment d’un retour à la normale dans les relations algéro-espagnoles. S’il n’y a pas encore d’échanges de visites bilatérales, les relations économiques ont repris leur cours habituel et de nombreux indices convergent vers le renforcement des liens entre des entreprises algériennes et espagnoles. En plus de la signature en octobre dernier d’un accord entre la Sonatrach et la société espagnole pétrole CEPSA, portant sur la réalisation conjointe d’une étude de faisabilité pour le développement d’un projet intégré de production d’hydrogène vert et de dérivés en Algérie, afin d’approvisionner principalement le marché européen, une délégation d’hommes d’affaires algériens se déplacera prochainement en Espagne pour prospecter de nouvelles opportunités de partenariat. Pourtant, les relations entre Alger et Madrid ont connu une évolution en dents de scie depuis le rappel, en mars 2022, de l’ancien ambassadeur d’Algérie à Madrid, Said Moussi, (qui sera d’ailleurs rappelé plus tard à Paris, avant d’être nommé récemment à Lisbonne) suite à l’appui public apporté par l’Espagne au plan d’autonomie du Maroc pour la résolution du conflit au Sahara occidental. L’Algérie avait considéré cette position comme « un abandon » des responsabilités espagnoles dans ce conflit, où elle a le statut de « puissance administrante ». En plus de ce geste diplomatique, l’Algérie a imposé des sanctions économiques aux entreprises espagnoles. En novembre 2023, l’Algérie a nommé un nouvel ambassadeur et la visite d’Albares était programmée pour février 2024, avant d’annoncer l’annulation de la visite, 24 heures avant sa concrétisation. Le motif était lié à des déclarations de responsables espagnols, rappelant leur position nouvelle dans le dossier sahraoui. Mais tout cela semble faire partie du passé, puisque dans un message de félicitations à l’écrivain Yasmina Khadra, qui a obtenu un prix littéraire au Royaume de Felipe VI, le président Abdelmadjid Tebboune a qualifié l’Espagne de « pays ami », clouant ainsi un incident qui a duré trois ans.
Akli Ouali
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