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Mali : Le retour à la raison face à l’Algérie

Après des mois d’errance, les autorités du Mali semblent revenir à de meilleurs sentiments envers l’Algérie. Finies les envolées lyriques de la junte au pouvoir à Bamako. Sont terminées les accusations grossières collées à l’Algérie, tout comme le langage ordurier proféré par de nombreux responsables de cette équipe militaire, qui a pris le pouvoir par la force en 2020. Le Général d’armée, Assimi Goïta, a finalement décidé de « normaliser » ses relations avec l’Algérie et a nommé un nouvel ambassadeur du Mali en Algérie. Ce représentant de Bamako à Alger n’est pas n’importe qui : le Général Mohamed Amaga Dolo, ancien chef d’état-major du président malien de la Transition. Pour donner un aspect solennel à la nomination, le chef de l’État malien a mis en scène la réception de son nouveau représentant dans la capitale algérienne, filmée par la télévision d’État. « L’Algérie est un pays frère, un pays ami, et un pays avec lequel on a beaucoup de liens, des liens géographiques, des liens historiques, des liens séculaires et des liens économiques », a indiqué le général devenu diplomate, habillé d’une tenue traditionnelle de son pays, avec un chapeau sur la tête. « Je sors très réconforté de l’audience, avec des orientations du président de la transition, dans le cadre de la relance et du renforcement des relations de la coopération entre le Mali et l’Algérie, tout en respectant les trois principes constitutionnels, qui guident désormais l’action publique au Mali. Les orientations que je viens de recevoir de la part du Général d’armée, Assimi Goïta, président de la transition et chef de l’État, me permettront de bien conduire ma mission en tant qu’ambassadeur du Mali. Le niveau du potentiel est extraordinaire en Algérie », a-t-il ajouté, selon les propos rapportés par la télévision d’État malienne. Autre signe qui ne trompe pas sur le réchauffement des relations entre les deux voisins : les autorités maliennes ont autorisé l’imam Mahmoud Dicko, jusque-là bête noire du régime de Bamako, à rentrer au pays après plus de deux ans d’exil en Algérie. L’homme de foi et de politique s’est distingué par ses prises de position opposées à celles des autorités de son pays. Son exil en Algérie a été très mal perçu par Assimi Goïta et son entourage, qui ont accusé Alger d’abriter « des terroristes ». Il y a quelques mois, les autorités maliennes, sans doute soutenues par des puissances étrangères, ont même dénoncé les accords d’Alger, estimant que « seul un dialogue intermalien et initié par les Maliens eux-mêmes était susceptible de réussir ». Tout en dénonçant ce revirement, l’Algérie a toujours soutenu que « seule une solution politique » est susceptible de stabiliser le Mali. Elle s’appuie pour cela sur des données de terrain : malgré les moyens mis en place, l’armée malienne et ses alliés ne parviennent pas à endiguer la violence et le terrorisme. Les combats avec les groupes djihadistes et autres factions rivales, notamment dans le nord du pays, font toujours des centaines de morts, y compris parmi les populations civiles. D’où l’urgence de revenir aux solutions politiques.

Akli Ouali

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