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Alors que le pays se dirige, sous l’impulsion des directives du président de la République, vers la diversification de son tissu industriel hors hydrocarbures, la bonification de la production nationale et la promotion des exportations, des investisseurs et entrepreneurs pâtissent de difficultés inhérentes à la réglementation en vigueur encadrant le secteur de l’industrie, relève-t-on à Biskra. En effet, des industriels ayant créé des unités de production, avec à la clé des postes d’emploi et des perspectives de développement étudiées, se plaignent d’obstacles administratifs et de la multitude des textes de lois et des décrets « constituant une véritable mille-feuille littéraire et documentaire », disent-ils, auxquels ils sont confrontés au quotidien. A titre d’exemple de ces entreprises gênées aux entournures par la réglementation, trois sortent du lot. La première est la Société à responsabilité limitée (Sarl) « Amanetna », une unité de production d’éthanol (C2H6O) issu des dattes impropres à la consommation. Après avoir fonctionné plusieurs mois, elle a dû baisser rideau, débaucher ses travailleurs et mettre la clé sous le paillasson à cause d’une loi qui interdit la production de cet alcool, a-t-on appris. « Avec l’aide du wali de Biskra, notre unité avait commencé à produire de l’éthanol issu des dattes avec lequel nous avons fabriqué de l’alcool chirurgical et du gel désinfectant à 70 % et d’excellente qualité. Quelques semaines plus tard, nous avons été informés que l’autorisation spéciale de produire de l’éthanol qui nous avait été octroyée nous avait été retirée en application d’une loi. L’Algérie continue ainsi d’importer ce produit alors que nous avons les capacités de produire au moins 40 % de nos besoins en C2H6O extrait des dattes. Nous avons besoin d’une révision de beaucoup de lois qui entravent l’essor des petites et moyennes entreprises », a confié le chef de cette unité. Le deuxième cas concerne la Sarl « BioPlus Pharm », une manufacture de production de farines pour nourrissons et bébés, de sels de réhydratation et d’une gamme de produits parapharmaceutiques dûment homologués et certifiées conformes aux normes internationales, pouvant, selon ses dirigeants, couvrir plus de 30 % du marché national. « Nous avons consenti de lourds investissements pour acquérir des chaînes de production et créer des postes d’emploi mais notre décollage économique est hypothéqué par le fait que l’importation des produits que nous fabriquons se poursuit et cela en contradiction avec la règle qui veut que la priorité soit donnée aux producteurs nationaux. Le lobby des importateurs a encore de beaux jours devant lui », a déploré le chef de cette entreprise. Le troisième et dernier cas est celui de « Formadiesel », un centre de formation en diagnostic électronique des moteurs automobiles dont la qualité du travail avait une aura internationale et dont l’initiateur a failli jeter l’éponge à cause d’une nouvelle législation à laquelle il s’est conformé après moult déboires et tergiversations de l’administration. « Nous avons été soudainement et brutalement astreints à modifier le statut de notre start-up pour nous conformer à une nouvelle législation émanant du secteur de l’enseignement et de la formation professionnelle », a expliqué le concerné. A noter que tous les intervenants plaident pour une harmonisation des textes de loi pour atteindre les objectifs tracés par le gouvernement « de redonner confiance aux investisseurs et de doter l’Algérie d’un réseau industriel dynamique et efficient », ont-ils souligné à l’unisson.
Hafedh Moussaoui
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