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Crise dans les relations algério-françaises : Macron joue l’apaisement

Pour la première fois depuis le début de la crise diplomatique entre l’Algérie et la France, le président français, Emmanuel Macron, s’est prononcé sur le sujet. Depuis Lisbonne, où il effectuait une visite d’État hier vendredi, il a appelé à sortir de la polémique médiatique et à mettre fin aux échanges par communiqués interposés : «Nous n’avancerons pas s’il n’y a pas un travail, on ne peut pas se parler par voie de presse, c’est ridicule, ça ne marche jamais comme cela», a-t-il déclaré, tout en exhortant à ce que la question des relations entre les deux pays ne soit pas instrumentalisée à des fins politiciennes. Il a même désavoué son gouvernement, affirmant que la France ne pouvait pas «dénoncer» à elle seule «les accords de 1968». Selon lui, leur révision ne peut se faire qu’en concertation avec l’Algérie. «On ne va pas dénoncer de manière unilatérale les accords de 1968. Cela n’a aucun sens. Les accords dont on parle sont ceux de 1994, et nous avons engagé un travail avec le président Tebboune pour les moderniser, et on le fera en bon ordre», a-t-il précisé. Plus encore, le chef de l’État français a adressé un message sibyllin à son homologue algérien, qui lui avait demandé de prendre position : «J’ai entendu le discours du président Tebboune», a-t-il indiqué. Avant cette prise de parole, plusieurs voix en France avaient appelé à un arbitrage du président français, à l’instar de l’historien Benjamin Stora. «À un moment donné, c’est à Emmanuel Macron, qui a joué un si grand rôle dans la volonté de réconciliation avec l’Algérie, de parler sur la position que doit adopter la France», a-t-il déclaré sur franceinfo. «Nous ne pouvons pas rester dans l’attentisme et le silence. Il faut avancer, trouver les mots justes, puisqu’il en va de l’avenir des deux générations de ces deux pays.» De son côté, le député de la France Insoumise, Éric Coquerel, a exhorté le chef de l’État à «mettre de l’ordre» dans le discours du gouvernement. Cette intervention présidentielle survient après plusieurs jours de bras de fer entre Alger et Paris, dont la tension a failli compromettre les relations entre les deux pays. Quelques heures avant cette déclaration, le ministre français de l’Intérieur, Bruno Retailleau, avait menacé d’une «sanction graduée contre l’Algérie», si aucun accord n’était trouvé sur la question des OQTF (obligations de quitter le territoire français) et la révision de l’accord de 1968. Une déclaration qui faisait suite à une réplique ferme et à un sévère avertissement de l’Algérie, rejetant «les ultimatums», notamment celui lancé deux jours auparavant par le Premier ministre français, François Bayrou. «L’Algérie rejette catégoriquement les ultimatums et les menaces. De la même manière, elle appliquera une réciprocité stricte et immédiate à toutes les restrictions apportées aux mobilités entre l’Algérie et la France», indiquait ainsi le communiqué du ministère des Affaires étrangères. Celui-ci ajoutait que «toute remise en cause de l’Accord de 1968, qui a été au demeurant vidé de toute sa substance, sera suivie, de la part de l’Algérie, d’une même remise en cause des autres accords et protocoles de même nature, sans préjudice d’autres mesures que ses intérêts nationaux lui dicteraient d’adopter». 

Akli Ouali

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