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Capitale des Hauts Plateaux, Sétif occupe une position stratégique au cœur d’un bassin de plus de huit millions d’habitants. Véritable carrefour d’échanges et plateforme économique majeure, Ain Fouara est une escale incontournable pour des millions de visiteurs nationaux mais aussi Tunisiens qui viennent y faire des affaires et des emplettes. Mais cet afflux massif engendre de nombreux désagréments, à commencer par des embouteillages interminables, contraignant les automobilistes à passer des heures au volant. Le stress est devenu le quotidien de ceux qui, pour se rendre au travail, déposer leurs enfants à l’école ou simplement circuler, se retrouvent prisonniers d’un réseau routier saturé dans une ville en pleine expansion urbanistique. Face à l’augmentation exponentielle du parc automobile, les solutions pour fluidifier le trafic se font toujours attendre, au grand désarroi des usagers de la route, condamnés à subir un trafic de plus en plus chaotique. Pourtant, un plan de circulation, théoriquement en place depuis des années, peine à apporter les réponses attendues à une ville qui suffoque. La mise en place de nouveaux feux tricolores dans certains axes, la révision des zones de stationnement, la construction de parkings à étages – pourtant monnaie courante ailleurs -, ou encore la remise en question des interdictions de circulation et la réouverture de certains axes fermés durant la décennie noire ne figurent toujours pas à l’ordre du jour. Pire encore, la réhabilitation de certaines routes, notamment du côté de la cité des 400 logements, ne fait qu’aggraver la situation, plongeant les conducteurs dans une frustration croissante. « La congestion routière ne se limite plus aux heures de pointe. Désormais, les bouchons sont notre lot quotidien. Nous devons nous armer de patience face à des files interminables qui nous font perdre un temps précieux et augmentent notre consommation de carburant, tout en aggravant la pollution. À cela s’ajoute un tracé de tramway conçu dans la précipitation, qui n’a fait qu’accentuer notre calvaire. Et que dire du giratoire situé entre le siège de la wilaya et le lycée Mohamed Kerouani ? Son aménagement bâclé en fait l’un des principaux points noirs du centre-ville. Pourtant, les responsables municipaux et les autorités du transport font la sourde oreille », s’indignent de nombreux automobilistes.
Sombre tableau
L’augmentation du trafic impacte aussi la vie quotidienne des citoyens, rendant leurs déplacements de plus en plus difficiles. « Je perds un temps fou à aller d’une administration à une autre, alors qu’un trajet qui devrait me prendre une demi-heure s’éternise », témoigne Salim, chargé des achats dans une entreprise privée implantée à l’extension de l’ancienne zone industrielle. Son collègue Naïm, qui habite le nouveau pôle urbain d’Abid, partage son désarroi : « J’arrive exténué et souvent en retard au bureau. Pour ceux qui n’ont pas de véhicule, la situation est encore pire : le manque de transports publics complique tout. Quant aux enfants scolarisés à Kerouani et Gaid où le réseau routier est en piteux état, ils subissent le même sort. ». Face à cette situation alarmante, la commune de Sétif ainsi que les directions des Transports et des Travaux publics devraient intervenir en urgence. Il est impératif de redistribuer la densité du trafic, d’éliminer les points noirs et d’adapter certaines routes et intersections aux réalités actuelles. La construction d’échangeurs et d’ouvrages d’art est également une nécessité. De nombreux automobilistes réclament un élargissement des axes routiers dans les zones à forte densité démographique, notamment à l’ouest de la ville, où l’état des infrastructures requiert des investissements conséquents pour une mise à niveau urgente. Et comme si cela ne suffisait pas, la question du stationnement aggrave encore la situation. « Il faut arrêter de se voiler la face : sur le papier, Sétif est un chef-lieu de wilaya, mais en réalité, elle manque cruellement d’infrastructures adaptées. Il est aberrant qu’une ville de cette envergure soit encore dépourvue de parkings à étages en 2025 ! La municipalité ne bouge pas le petit doigt pour en construire un, alors qu’une telle initiative pourrait non seulement fluidifier la circulation, mais aussi générer des revenus conséquents. Pourquoi ne pas inciter le secteur privé à investir dans ce domaine, créant ainsi des emplois et offrant aux automobilistes la possibilité de se garer en toute sérénité ? », dénoncent des conducteurs excédés. D’autres aberrations s’ajoutent à ce tableau déjà sombre. « La réalisation d’un parking à proximité de la gare routière, au lieu de lieux plus stratégiques, semble être une décision incohérente. Quant au vieux parking situé en face du stade Mohamed Guessab, il tombe en ruine, sans qu’aucune tentative de réhabilitation ne soit engagée. Nous avons l’impression que les responsables évitent de prendre les choses en main. Regardez l’évitement nord : il accueille chaque jour des milliers de véhicules, et pourtant, on se contente d’un simple replâtrage. Nous aimerions savoir ce que font nos députés et sénateurs pour le développement de notre wilaya, souffrant d’innombrables déficits ! », concluent nos interlocuteurs, oscillant entre amertume et colère.
Kamel Beniaiche
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