
Plusieurs mois après le début de la crise politique entre la France et l’Algérie, le climat se tend davantage et le bras de fer entre les deux parties s’accentue dévoilant autant les contradictions au sein de l’appareil d’Etat français que le désarroi du ministre français de l’Intérieur « va-t-en-guerre » sans avoir les moyens de sa politique. Dans une nouvelle sortie médiatique, Bruno Retailleau, a lancé une nouvelle idée pour parvenir, estime-t-il, à « exercer une pression graduée » sur l’Algérie. Il a préconisé de « sanctionner » la compagnie nationale Air Algérie, sous le prétexte que ce sont des employés de cette entreprise qui refuseraient à des ressortissants algériens expulsés par la partie française d’embarquer à bord de ses avions. Une telle décision, si elle venait d’avoir lieu, risque en effet de susciter une réaction proportionnée et immédiate de l’Algérie qui sanctionnera les compagnies françaises. Cela impactera directement les vols, très nombreux, entre les deux pays et pénalisera d’abord les citoyens algériens. Mais cela provoquera à coup sûr des perturbations difficilement gérables dans les aéroports français. Puis, l’Algérie pourra également décider d’interdire le survol de son espace aérien par tous types d’avions français, civils et militaires, ce qui engendrera des coûts supplémentaires aux compagnies aériennes françaises et causera des retards énormes, les avions étant dans l’obligation de contourner l’Algérie pour desservir l’Afrique ou parfois le Moyen-Orient. Au sein du gouvernement français, cette crise a mis en lumière des contradictions au sein des autorités françaises. Tout le monde savait en effet qu’au sein de l’Establishment français, cohabitaient deux tendances. La première est celle qui cherche à apaiser les relations entre les deux pays en privilégiant les solutions diplomatiques et négociées. Cette aile est représentée par le président Emmanuel Macron et son ministre des Affaires Étrangères et à un degré moindre le premier ministre François Bayrou. La seconde option est prônée par le ministre de l’Intérieur, Bruno Retailleau. Ce dernier surfe en effet sur des thèses souvent prônées par l’Extrême droite pour s’en prendre à l’Algérie et espérer grignoter ainsi des voix à au parti de Marine Le Pen qui fait de la question migratoire, notamment maghrébine et africaine, son thème de prédilection. Le pire dans cette affaire est qu’à cause notamment de son affaiblissement dans l’échiquier politique national, le président Emmanuel Macron, qui a récemment prôné l’apaisement avec l’Algérie, a cédé le dossier algérien à son ministre de l’Intérieur. Résultat : au lieu de la contenir, la crise va en s’aggravant. Et rien ne dit que la spirale s’arrêtera de sitôt.
Akli Ouali
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