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Exportations hors hydrocarbures : Sétif enregistre une ascension fulgurante 

L’exportation fait désormais partie du quotidien de nombreux opérateurs économiques de la wilaya de Sétif. Grâce à un excellent rapport qualité/prix, les produits « made in Algeria » gagnent des parts de marché à l’international. Profitant des mesures incitatives mises en place par les pouvoirs publics sous l’impulsion du président de la République, Abdelmadjid Tebboune, qui vise 30 milliards de dollars d’exportations hors hydrocarbures d’ici 2027, les exportateurs locaux redoublent d’efforts. Avant-hier, lundi 3 mars, le ministre du Commerce extérieur et de la Promotion des exportations, Mohamed Boukhari, accompagné du wali, Mustapha Limani, a donné le coup d’envoi de trois importantes opérations d’exportation.

Baticeram : percée à l’international 

Spécialisée dans la céramique, Baticeram, filiale du groupe Khenfri, a expédié 275 conteneurs, soit l’équivalent de 19.000 mètres carrés de revêtements muraux et de sol, vers la Libye. Produisant selon les normes internationales, l’entreprise a déjà exporté en 2024 plus de 500.000 mètres carrés de céramique vers la Jordanie, la Tunisie, la Libye, le Mali, la Côte d’Ivoire, la Mauritanie et l’Italie. Son objectif est de doubler ces volumes. « Grâce à de nombreux atouts comme l’énergie et la main-d’œuvre, le produit algérien certifié est très compétitif sur le marché international. Cependant, le transport maritime reste un frein majeur : nos clients étrangers ne peuvent attendre trois à quatre mois pour recevoir leur marchandise. Nous pourrions aisément atteindre l’objectif des 30 milliards de dollars fixé par le président de la République pour 2027, à condition que la logistique suive. Les récentes décisions du ministre des Transports nous rassurent », déclare Rachid Khenfri, le patron du groupe.  En réponse, Mohamed Boukhari affirme : « L’exportation hors hydrocarbures est l’une des priorités du président de la République. Nous ne ménagerons aucun effort pour accompagner nos exportateurs et lever les obstacles rencontrés ».

Sinova : prévisions ambitieuses

Créée en 2023, Sinova, partenaire du géant sud-coréen Samsung, a marqué la deuxième étape de la visite ministérielle. L’entreprise spécialisée dans l’électronique et l’électroménager ambitionne d’exporter 20.000 réfrigérateurs vers la Tunisie, dont 4.000 pour un seul client. Une première expédition comprenait déjà 162 réfrigérateurs et 342 machines à laver estampillés Samsung « made in Algeria » a été expédiée ce jour-là. « L’événement d’aujourd’hui marque une avancée majeure dans l’internationalisation de l’industrie algérienne et le début d’une expansion pour les produits Samsung fabriqués par Sinova. L’usine, qui emploie 400 agents, a démarré en 2023 avec une production de 10.000 réfrigérateurs et un taux d’intégration de plus de 70 %. En 2024, nous avons porté ce chiffre à 50.000 unités, et nous prévoyons d’atteindre 100.000 en 2025 », explique un manager de Sinova. L’essor concerne également les autres produits phares de l’entreprise : la production de machines à laver passera de 30.000 unités en 2023 à 100.000 en 2025, tandis que celle des téléviseurs grimpera de 80.000 à 220.000 unités d’ici fin 2024. À cela s’ajoute le lancement imminent d’une usine de climatiseurs, avec une capacité de production de 15.000 unités en 2025, puis 40.000 l’année suivante. « Cette première exportation vers la Tunisie marque le début d’un vaste programme s’inscrivant dans la stratégie du gouvernement pour la promotion du produit local. D’ici 2026, nous comptons exporter 40.000 réfrigérateurs, 50.000 machines à laver, 10.000 téléviseurs et 50.000 climatiseurs », conclut-il.

Le produit Faderco présent dans 29 pays

Autre moment fort de cette tournée : la visite du complexe de production de cellulose de Faderco, l’un des fleurons de l’industrie algérienne des produits d’hygiène (bébés, hygiène féminine, protection contre l’incontinence). Avant de lancer une nouvelle expédition de 43 conteneurs de cellulose – dont trente destinés au Royaume-Uni, dix à la Belgique et trois à la Tunisie -, le Président-Directeur Général (P.-D.G.) du groupe, Amor Habes, a souligné la réussite de son entreprise : « Après des années d’efforts, nous avons bâti une infrastructure industrielle robuste, garantissant l’autosuffisance nationale et l’expansion vers de nouveaux marchés. Nos ventes enregistrent une croissance annuelle de 15,6 % depuis dix ans, et nos exportations de bobines de cellulose vers l’Europe ont bondi de 642 tonnes en 2016 à 14.009 tonnes en 2024, soit une progression moyenne de 90 % par an ». Depuis 2009, Faderco exporte vers 14 pays pour les bobines de ouate et 15 autres pour les produits finis (papier, couches, serviettes hygiéniques). « Nous détenons 26 % du marché britannique et sommes le premier exportateur de ouate de cellulose hors Union européenne. Nous possédons également 13 % du marché grec et 8 % du marché ouest-africain », ajoute, non sans fierté, le P.-D.G. d’un des fleurons de l’industrie algérienne. Faderco ambitionne d’augmenter ses capacités de production avec la mise en service d’un nouveau complexe industriel à Mostaganem, d’une capacité de 60.000 tonnes destinées à l’exportation. « Engagés dans la politique du président de la République visant à diversifier les exportations, nous prévoyons d’atteindre un taux d’intégration de 75 %, réduisant ainsi la facture des importations. Le lancement du site Mapitek, spécialisé dans la production de matières premières pour lingettes, serviettes hygiéniques et couches, nous permettra d’atteindre cet objectif cette année », annonce Amor Habes. Avec trois nouvelles usines en cours de développement, Faderco ambitionne d’exporter pour 100 millions de dollars à l’horizon 2027-2028, tout en réduisant de 150 millions de dollars la facture des importations de matières premières.

Des transformateurs en Libye et au Sénégal

La Société à responsabilité limitée (Sarl) United Technology Electric Company, spécialisée dans la fabrication de transformateurs électriques de distribution immergés dans l’huile et de transformateurs à sec, s’inscrit également dans cette dynamique. Basée à Aïn Oulmène, elle a récemment réalisé trois expéditions vers la Libye et le Sénégal. Produisant des transformateurs de 50 kilovoltampères (KVA) à 10 mégavoltampères (MVA) avec un taux d’intégration de 70 %, elle couvre une grande partie du marché national et prévoit d’augmenter sa production mensuelle de 1.000 à 1.500 unités. Employant 290 agents et utilisant une technologie de pointe, l’entreprise ambitionne à moyen terme de se lancer dans la fabrication de transformateurs de puissance, d’assurer l’autosuffisance nationale, de réduire la facture des importations et d’intensifier ses exportations.

Kamel Beniaiche

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