
Depuis le début du mois sacré, les marchés connaissent une hausse spectaculaire des prix des produits alimentaires, pesant lourdement sur le budget des ménages. Une situation préoccupante à plus d’un titre, avec une flambée touchant aussi bien les fruits et légumes que les produits de la mer. Dès le deuxième jour du Ramadhan, les Jijéliens ont été confrontés à une inflation alarmante des produits frais. Les oranges, essentielles pour la rupture du jeûne, ont vu leur prix doubler, passant de 80 à 160 dinars, atteignant même 190 dinars selon la qualité. Les salades, incontournables sur les tables de l’Iftar, sont passées de 120 à 170 dinars, tandis que le concombre a atteint 130 à 180 dinars, soit une augmentation de près de 40 %. D’autres légumes de base ont suivi la même tendance : les carottes sont passées de 50 à 100 dinars, les courgettes ont oscillé entre 140 et 180 dinars. Les épices et condiments n’ont pas été épargnés, avec le poivron fort grimpant de 200 à 240 dinars, le poivron doux de 150 à 200 dinars, et l’ail explosant de 550 à 800 dinars le kilo. Plus récemment, c’est au tour de la sardine, traditionnellement accessible aux petits budgets, de subir une hausse significative. Lors d’une visite au marché du centre-ville avant-hier, lundi 10 mars, nous avons constaté que son prix atteignait 170 dinars le kilo. De nombreux consommateurs, après avoir demandé le tarif, ont préféré rebrousser chemin, jugeant ce prix excessif. D’autres se sont contentés d’acheter de petites quantités, parfois un demi-kilo seulement, pour ne pas se priver totalement de ce poisson emblématique. Plusieurs facteurs expliquent cette inflation généralisée. Pour les produits frais, la forte demande caractéristique du Ramadhan, période de consommation accrue, exerce une pression considérable sur les marchés. Concernant la sardine, les conditions météorologiques difficiles des dernières semaines ont limité les sorties en mer, contraignant de nombreux pêcheurs à laisser leurs bateaux à quai et réduisant ainsi l’offre disponible. Les professionnels de la pêche invoquent également l’augmentation des coûts d’exploitation, notamment la hausse du prix du carburant, des équipements et des charges d’entretien, qui se répercutent directement sur le prix final du poisson. Cette situation affecte particulièrement les familles à faible revenu, qui voient leur pouvoir d’achat considérablement réduit. Beaucoup sont contraints de revoir leur budget alimentaire et de limiter la quantité de produits frais dans leurs achats, au risque d’affecter leur équilibre nutritionnel pendant ce mois de jeûne. Face à cette crise, les citoyens espèrent un retour à la normale dans les prochains jours et appellent les autorités locales à renforcer le contrôle des circuits de distribution pour lutter contre la spéculation. Des mesures de soutien aux pêcheurs pourraient également contribuer à stabiliser les prix et garantir un approvisionnement suffisant. En attendant, Jijéliens, traditionnellement surnommés « les enfants de la mer », craignent que leur alimentation traditionnelle ne devienne un luxe réservé à une élite, privant de nombreux foyers de produits qui font partie intégrante de leur patrimoine culinaire.
M. Bouchama
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