
Après les stations de dessalement de l’eau de mer de Cap Blanc à Oran, Koudiet Eddraouche à El Tarf, Fouka 2 à Tipasa et Cap Djinet à Boumerdès, celle de Tighremt à Béjaïa devrait être inaugurée durant les prochains jours par le président de la République. La réalisation de ces cinq usines, d’une capacité d 300.000 m3/jour chacune, a nécessité un investissement de 2,4 milliards de dollars. Lors de son intervention à l’émission L’invité du jour ,diffusée par la chaîne III de la radio nationale, Belaid Mezerkat, directeur central au ministère de l’Hydraulique, a indiqué que la part provenant du dessalement atteindra 42% de la consommation nationale, après la mise en service de la 5ème station. Ce taux ne dépassait 20%, il y’a peu, a-t-il rappelé, avant de faire savoir que les besoins nationaux en eau seront couverts à plus de 60% par l’eau dessalée, soit 5,5 millions de m3 par jour, après la réalisation de 6 nouvelles stations de dessalement, dotées d’une capacité totale de 1,8 million de m3 par jour, au niveau des de Tlemcen, Mostaganem, Chlef, Tizi Ouzou, Jijel et Skikda. « Les études sont bien avancées et la première tranche de ces projets phares est déjà inscrite », a-t-il souligné. L’Algérie aura donc mobilisé de gros moyens financiers pour faire face à un stress hydrique élevé et atténuer sensiblement la pénurie d’eau potable, qui ne cesse de prendre des proportions inquiétantes. Selon une étude élaborée il y’ 6 ans par l’Institut des ressources mondiales, le World ressources Institute, un think tank américain proche du parti démocrate, l’Algérie se trouve dans la catégorie des pays au stress hydrique élevé. La Cellule de réflexion américaine, fondée en 1982, avait même jugé la situation très préoccupante. Des millions d’Algériens sont condamnés à renouer avec le rationnement et les colporteurs d’eau ; une image que l’on croyait révolue à jamais, au vu des gros investissements réalisés par le secteur de l’hydraulique, depuis l’an 2000. Pourtant, pas moins de 55 milliards de dollars ont été englouties entre 2005 et 2015 par des réalisations (barrages, stations de dessalements d’eau de mer et autres transferts), supposées mettre définitivement le pays à l’abri d’une telle « catastrophe », avaient avancé certains observateurs. En 2017, le ministre des Ressources en eau en exercice à l’époque déclarait à Blida que « l’Algérie était à l’abri du stress hydrique grâce aux réalisations accomplies » ! Certes, la demande en eau ne cesse d’augmenter, à cause notamment des « effets cumulés de l’urbanisation, d’une littoralisation croissante des populations, ainsi que du développement de l’irrigation ». Mais cela ne justifie guère la dilapidation de l’argent public et la mauvaise gestion. Même la gestion déléguée de l’AEP confiée de 2008 à 2014 à des sociétés étrangères n’a pas été vraiment à la hauteur des attentes. Aujourd’hui, les pouvoirs publics semblent avoir privilégié une stratégie mieux adaptée à la problématique posée par le stress hydrique. Le recourt à grande échelle à l’option du dessalement est en mesure de contribuer à offrir une solution pérenne à la pénurie d’eau potable, au moment où les réserves en eau des barrages deviennent de plus en plus aléatoires. Le directeur central au ministère de l’Hydraulique a indiqué que le taux de remplissage national est de 39 %, ce qui correspond à un volume de 3 milliards de m3. Dans le détail, « Le taux de remplissage des barrages dans l’Est dépasse les 56 %, tandis que ceux du Centre ne sont remplis qu’à hauteur de 23 %, et ceux de la région du Cheliff ne sont qu’à 14 % », a expliqué le même responsable, signalant que la mise en service des nouvelles stations de dessalement vise à garantir une alimentation régulière en eau potable à travers le pays.
Mohamed Mebarki
Partager :