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Retailleau veut passer aux expulsions directes : Avec l’Algérie, les injonctions ne passent pas

Entre l’Algérie et la France, le bras de fer se poursuit et risque cette fois-ci de prendre des proportions lourdes de conséquences. La France semble par la volonté de son ministre de l’Intérieur avoir fait le choix de fermer tous les canaux menant à l’apaisement. En effet, Bruno Retailleau, a annoncé vendredi avoir transmis à l’Algérie une première liste de 80 ressortissants algériens selon certains médias, et une soixantaine selon d’autres. Quoi qu’il en soit et quel que soit leur nombre avec précision, la France a décidé de s’en débarrasser en privilégiant la manière musclée dans sa énième tentative de faire pression sur l’Algérie. Ces personnes frappées par une obligation de quitter le territoire français aux « profils dangereux » d’après les déclarations des autorités françaises feraient partie d’une longue liste comprenant quelques 700 personnes présumées algériennes se trouvant aujourd’hui dans les centres de rétention administrative, soit 40 % du total des individus retenus dans ces centres ! Sur CNews, Bruno Retailleau a expliqué que cette première liste contient des individus condamnés pour atteinte à l’ordre public. Ce sont « des ressortissants algériens, dont nous avons les preuves de leur nationalité », a affirmé le ministre de l’Intérieur. Dans l’état actuel des choses et au vu de la tension qui monte entre les deux pays, il est probable que la France va essayer de les expulser directement, sans solliciter, comme cela s’effectue dans de telles procédures, des laissez-passer consulaires auprès des consulats d’Algérie en France. « Une démarche qui s’apparente à une manière de forcer la main aux autorités algériennes et qui risque d’aggraver les tensions déjà vives entre les deux pays ». Du côté algérien, tout indique que l’on ne va pas accepter un tel diktat, loin des règles et des convenances. L’Algérie s’est toujours prononcé sur des dossiers individuels, après les avoir passés au crible au cas par cas, afin de s’assurer de la citoyenneté algérienne de la personne expulsée et du respect de tous ses droits avant de faire l’objet d’une OQTF. Que veut Bruno Retailleau et où veut-il en venir. Multipliant les sorties médiatiques empreintes d’une frustration extrême vis-à-vis de l’Algérie, il a déjà évoqué il y’a une dizaine de jours la possibilité de prendre des sanctions contre Air Algérie ; sous prétexte que la compagnie nationale algérienne « ralentirait le processus d’expulsion des Algériens en situation irrégulière en France ». Selon lui ; Air Algérie ne devrait pas imposer des laissez-passer consulaires délivrés par les autorités algériennes pour l’expulsion des ressortissants algériens ; considérant que cette pratique comme « une remise en cause des accords entre les deux pays ». Le ministre français de l’Intérieur aura dépassé toutes les limites de la provocation. Ses interventions dans des domaines qui ne relèvent pas de sa compétence risquent de compliquer la situation. L’Algérie a signifié de la manière la plus claire et la plus officielle qui soit qu’elle ne veut pas avoir affaire à ce ministre qui représente la voix de la droite dure et de l’extrême-droite au sein du gouvernement français. « Tout ce qui est Retailleau est douteux compte tenu de ses déclarations hostiles et incendiaires envers notre pays », avait signifié Abdelmadjid Tebboune dans un entretien accordé début février au journal français L’Opinion. « Nous avons le sentiment que nous sommes revenus au temps des colonies », avait critiqué le diplomate et ancien ministre Abdelaziz Rahabi, le 5 mars dernier sur France 24. Pierre-Henri Bovis, avocat pénaliste, avait également critiqué la monopolisation de la gestion de la crise avec l’Algérie par Bruno Retailleau. « Ce n’est pas à un ministre de l’Intérieur de dicter les relations diplomatiques de la France », a-t-il estimé.

Mohamed M

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