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Crise diplomatique avec l’Algérie : Le gouvernement français au bord de l’implosion

Dans une nouvelle sortie publique, le ministre français de l’Intérieur, Bruno Retailleau, fait du chantage. Dans une interview accordée au quotidien français Le Parisien, le premier flic de France a menacé de démissionner si le président Emmanuel Macron ne marche pas avec lui dans le dossier de l’Algérie. « Je ne suis pas là pour une place mais pour remplir une mission, celle de protéger les Français. Tant que j’ai la conviction d’être utile et que les moyens me sont donnés, je serai mobilisé. Mais si on me demandait de céder sur ce sujet majeur pour la sécurité des Français, évidemment que je le refuserais », a en effet affirmé celui qui vise en même temps la présidence du parti Les Républicains et la présidence de la République de son pays lors des élections de 2027. La déclaration de Bruno Retailleau reflète en effet un climat de tension extrême au sein du gouvernement français, dans lequel deux visions s’affrontent : celle du ministre de l’Intérieur qui cherche à tout prix un affrontement avec l’Algérie quitte à laisser des plumes et une autre, celle notamment du ministre des Affaires Etrangères, Jean-Noël Barrot qui préfère la solution diplomatique au bras de fer. Pendant que la première tendance choisit l’escalade en proférant quasi-quotidiennement des menaces à l’encontre de notre pays, la seconde tente de renouer les liens avec un partenaire jugé plus qu’important, puisqu’il s’agit d’une des plus grandes puissances de la rive sud de la Méditerranée. Ce choix de suivre la diplomatie est en effet une des recommandations de l’ambassade de France à Alger. Selon des sources diplomatiques, la représentation française a envoyé un mémorandum au Quai d’Orsay pour notamment suggérer de discuter, dans la discrétion, avec les autorités  algériennes en « ouvrant, franchement, tous les dossiers » en suspens entre les deux pays. Cela va de la question des visas jusqu’à la mémoire en passant, bien entendu, sur les ressortissants algériens que la France souhaite renvoyer.  C’est l’attitude de la sagesse. Du côté de la présidence française, et à un degré moindre du premier ministre François Bayrou, on a plutôt opté pour le second choix même si, pour des raisons de politique intérieure, les deux têtes de l’Exécutif ne souhaitent pas désavouer franchement leur ministre de l’Intérieur.  Mais cette situation ne va pas durer dans le temps. Ces atermoiements, ces hésitations et contradictions risquent de coûter cher au gouvernement français et si le président Macron n’a pas décidé de mettre un coup de pied dans la fourmilière, c’est parce que les équilibres politiques en France sont extrêmement fragiles. Un départ du trublion ministre de l’Intérieur risque en effet de mettre les  députés et sénateurs LR dans une situation d’opposition au gouvernement Bayrou qui risque ainsi de tomber plutôt que prévu. Mais ironie de l’Histoire, comme en 1958 lors du mouvement des militaires qui avait mis fin à la quatrième République en contestant l’action du gouvernement de l’époque qui n’arrivait pas à gérer la question algérienne en pleine guerre d’indépendance, l’Algérie risque de renverser un gouvernement français. Et cela risque d’ouvrir non seulement d’autres portes pour d’autres crises, mais aussi des Plaies non encore cicatrisées.

Akli Ouali

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