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19 mars 1962-19 mars 2025 : Les leçons de l’histoire

Aujourd’hui à 12 heures, 63 ans auront passé depuis l’entrée en vigueur du cessez-le-feu, dont l’accord fût signé la veille, le 18 mars 1962 à Evian. L’accord ratifié côté algérien par le référendum sur l’indépendance du 1er juillet de la même année, approuvé par plus de 99% du peuple algérien, mit fin à 132 ans d’occupation. Injustement relégué et occulté durant des décennies pour des raisons qui ne pourraient qu’être absurdes, le 19 mars 1962 a une très grande portée historique, et les hommes qui ont joué un rôle actif jusqu’à son aboutissement sont entrés dans l’histoire. Saâd Dahlab, Lakhdar Bentobal, Tayeb Boulahrouf, Mohamed Seddik Benyahia, M’hamed Yazid, Ahmed Boumendjel, Krim Belkacem, Benmostefa Benaouda, Redha Malek, Ahmed Francis et Seghir Mostefaï avaient administré aux négociateurs français une leçon magistrale dans la bravoure et le don de soi. Ce qu’ils avaient consenti pour l’Algérie n’était pas moins important que le sacrifice par les précurseurs de Novembre 1954. L’engagement de ces hommes, dont certains ont contribué à l’édification de l’Etat algérien, indépendant et souverain, s’inscrit en droite ligne dans la continuité du combat héroïque des premiers résistants à la colonisation. C’est dans cette optique que les négociateurs d’Evian sont aujourd’hui célébrés, du moins leur mémoire, qui reste vivace dans le cœur et l’esprit de tous ceux et de toutes celles, qui nourrissent l’espoir de voir leur pays prospère et stable, jouir d’une position honorable parmi les nations. Si en 1962, et à partir du mois d’août, l’OAS de triste mémoire avait fait des ravages, en poussant son action criminelle jusqu’à tenter de ruiner l’économie algérienne, cette année, la fête de la victoire arrive à un moment où l’extrême-droite française ne rate aucune occasion pour exprimer sa haine de tout ce qui est algérien ou qui représente l’Algérie. Le ministre français de l’Intérieur, Bruno Retailleau, fait aujourd’hui montre d’un positionnement, qui rappelle certaines attitudes exprimées par les ultras de l’Algérie « française ». Dans sa rancœur anti-algérienne, qui n’en finit pas, il a refusé de répondre à l’invitation de la Grande mosquée de Paris à l’occasion du traditionnel « iftar » des ambassadeurs ». En un mot, la lignée des ennemis notoires de l’Algérie n’a pas évolué d’un iota ! Le fil conducteur est là, et il partagé entre ceux qui s’étaient opposés à l’indépendance de l’Algérie, et ceux qui aujourd’hui ne veulent pas reconnaitre une réalité : traiter d’égal à égal avec ce pays. Quoi qu’il en soit, le 19 mars 1962 mérite de faire l’objet de toutes les attentions de la part des intellectuels et de tous ceux qui revendiquent le statut d’élite. C’est une filière riche en enseignements, qui n’a pas encore été investie par les historiens. Les jeunes générations à la recherche de modèles sont en droit de connaitre Mohamed Seddik Ben Yahia, à titre d’exemple, ce politicien de grande envergure, mort dans un accident d’avion en Iran, le 3 mai 1982, alors qu’il menait une mission de paix entre l’Irak et l’Iran en guerre. C’était un intellectuel de premier plan, qui avait occupé le poste de ministre de l’Information, de l’Enseignement supérieur, des Finances avant de prendre les charges du ministère des Affaires étrangères. Un homme d’Etat « hors normes », « nationaliste, intègre et très compétent », selon les propres termes avec lesquels l’avait évoqué un historien. « Il aimait à rappeler que l’indépendance n’est pas une fin en soi, mais qu’elle devait, dans cette conjonction du passé et du présent, favoriser le transfert indispensable de la nation à la société et l’émergence de citoyens nouveaux, d’Algériens totalement libres et totalement libérés », disait de lui un ancien ministre des Affaires étrangères.

Mohamed Mebarki

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