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Constructions illicites, lois bafouées et inertie à Annaba : Berrahal serait-elle devenue un cauchemar urbanistique ?

De plus en plus signalée, la construction illicite au beau milieu des zones urbaines à Berrahal, une ville pourtant appelée aujourd’hui à jouer le rôle de nouveau pôle d’attraction avec le grand Annaba, a atteint des proportions alarmantes. Encouragée par le laisser-aller des élus, la mafia du foncier a mis main basse sur les espaces publics et trottoirs des façades, à travers des agissements violents envers et contre tous. L’antique Aïn Mokra, au grand dam des locataires, semble sombrer dans l’illicite, avec tous les passe-droits que cela suppose. Pourtant, le pays durcit sa législation pour préserver les terres de l’État qui font l’objet de diverses atteintes, notamment les constructions illicites et le détournement des terres agricoles de leur vocation. De lourdes peines contre les contrevenants sont prévues pour toute voie de fait ou agissement sur les terres de l’État, entraînant la détérioration de leur valeur ou toute modification de leur statut ou vocation : jusqu’à vingt ans de réclusion criminelle et deux millions de dinars d’amende. L’implication pleine de personnalités aux reins solides dans ce trafic a fait que le phénomène de la construction illicite s’est transformé au fil des jours en « boîte de Pandore », qu’évitent les autorités locales telle la peste. Pour les habitants, cette situation « met au grand jour la passivité flagrante dont ont fait preuve les services de l’État censés être les gardiens de la réglementation et de son application ». « Car comment expliquer que les responsables en charge du dossier n’ont jamais respecté la loi 15/08 promulguée par l’État algérien dans le but de régulariser la situation des bâtisses ? », sinterroge-t-on. Des habitants de la daïra de Berrahal ont décidé de briser la loi de l’omerta et le trafic foncier qu’imposent certains administrateurs locaux, en saisissant le ministère de l’Intérieur. Ce dernier a été destinataire d’un dossier accablant sur les « manigances », des années durant, des membres de la commission de la daïra de Berrahal, chargée de l’étude des bâtisses dans les communes de Berrahal, Oued El Aneb et Tréat, dans le cadre de l’application de la loi n°08-15 du 20 juillet 2008, fixant les règles de mise en conformité des constructions et leur achèvement. Une tentative de prise de contact avec des cadres de la daïra de Berrahal a été effectuée à ce sujet, sans succès. On parle de trafic dans le traitement des dossiers de régularisation, en raison du laxisme, de la passivité et de la complaisance de certains éléments de l’administration, qui ont fini par gangréner les rouages en charge de ce secteur. D’ailleurs, au pôle urbain El Kalitoussa et aux quartiers Tacha, et principalement Guerrich où la mafia du foncier opère en haute voltige, le phénomène, a-t-on constaté sur place, a atteint des proportions alarmantes. L’hémorragie ne s’arrête pas là. À la cité Sidi Ali, sur les hauteurs de la ville, nous sommes en présence de plusieurs constructions illégales qui ont vu le jour à l’ombre de la Covid-19. Alors qu’au centre-ville, des extensions tous azimuts de propriétaires de lots à bâtir ou de parcelles de terrains ont fini par « grignoter » l’espace qui ne relève pas de leurs surfaces actées. Pour un ancien cadre de l’administration : « De prime abord, il semble qu’à Berrahal en particulier et Annaba en général, en matière de constructions illicites, nous avançons comme dans une migration vers l’inconnu. La gestion et la protection du foncier et de ses assiettes de terrains, le respect des règles définissant l’urbanisme et la protection du cadre de vie d’un ensemble d’habitations, relèvent du domaine de l’utopie ». Aujourd’hui, on parle carrément d’une catastrophe urbanistique à Annaba et particulièrement dans la daïra de Berrahal. Comment expliquer un tel état de fait qui s’est substitué à la loi ? Qu’en est-il de cette immense gabegie que connaît le foncier à Annaba ? Où se situe l’informel ? À quel point a-t-il gangréné l’administration et la société ? Son évolution a-t-elle atteint le stade de l’inéluctable ?

B. Salah-Eddine

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