
Une centaine de spécialistes en anatomie pathologique, exerçant dans les secteurs public et privé à travers tout le pays, ont été accueillis pendant deux jours par le service d’anatomie, cytologie pathologique et pathologie moléculaire du Centre Hospitalier Universitaire (CHU) de Sétif. Cet événement a pris la forme d’une master class de haut niveau, dédiée à la pathologie mammaire, organisée en collaboration avec la division française de l’Académie internationale de pathologie. Un programme riche et diversifié a été élaboré pour répondre aux attentes des participants en matière de formation médicale continue dans cette spécialité. Selon la Pr Soraya Ouhida, médecin cheffe dudit service d’anatomie, cytologie pathologique et pathologie moléculaire et cheffe de file des organisateurs et du comité scientifique, « cette opération de formation d’envergure a suscité un grand enthousiasme, comme en témoigne la participation massive de nos confrères venus de toutes les wilayas du pays ». Interrogée sur le thème choisi pour cette master class, Pr Ouhida explique qu’il n’est pas fortuit : « Nous avons choisi ce thème en raison des nombreuses lésions frontières qui posent problème et peuvent évoluer en cancer. Il est crucial de connaître ces lésions précancéreuses, car poser un diagnostic précoce permet de traiter la patiente efficacement. Diagnostiquer un cancer dès ses premiers stades et fournir toutes les informations nécessaires nous aide à garantir la guérison grâce à la collaboration avec nos collègues oncologues et radiothérapeutes ». De son côté, Nesrine Choukeir, vice-présidente de la division française de l’Académie internationale de pathologie et installée en France depuis une vingtaine d’années, a précisé : « L’objectif est de partager notre savoir-faire, en apportant des précisions sur les pathologies les plus complexes et de fournir des outils pour faciliter le quotidien des professionnels. La pathologie mammaire est particulièrement complexe et nécessite beaucoup de temps. Ce séminaire marque le début d’un processus, et nous prévoyons d’élargir nos formations à d’autres pathologies dans le futur ». Notre interlocutrice a également insisté sur la nécessité de standardiser les comptes-rendus d’anatomopathologie : « Nous devons maintenir une ligne de conduite uniforme à l’échelle internationale, afin que les comptes-rendus soient interprétés de la même manière partout dans le monde.
Un expert mondial partage son expertise
Connu et reconnu à travers le monde, l’expert Pr Gaëtan Mac Grogan, spécialiste en anatomie et cytologie pathologiques à l’Institut Bergonié de Bordeaux (France) et membre de la division française de l’Académie internationale de pathologie, a souligné que « les lésions précancéreuses du sein, qui apparaissent tout au long de la vie de la patiente, peuvent se transformer en cancer ou non. Cependant, il existe un moyen d’éviter cela par le dépistage ». Les pathologistes jouent un rôle clé dans la prise en charge du cancer du sein. Ils collaborent étroitement avec les radiologues, les chirurgiens et les oncologues dans une équipe multidisciplinaire, afin d’offrir aux patientes les meilleures chances de guérison », a-t-il expliqué. L’expert a également évoqué des thèmes qu’il pourrait proposer lors d’une prochaine session de formation, s’il était sollicité. « À la lumière des présentations de cas cliniques des pathologistes participants à cette master class, j’ai en tête d’autres thèmes, tels que la reconnaissance des types histologiques spécifiques et l’adaptation des traitements en fonction de l’histologie de la tumeur et du stade tumoral, que je proposerai volontiers », a-t-il conclu. Pour Pr Amir Zine Charaf, médecin cheffe du service d’anatomie et cytologie pathologiques et pathologie moléculaire du CHU Mustapha Pacha et présidente du comité pédagogique national de spécialité, cette initiative, une première du genre à Sétif, a été grandement appréciée par les confrères avides de formation continue. « Les jeunes comme les moins jeunes spécialistes ont énormément appris, notamment sur les critères et paramètres devant être mentionnés dans le compte-rendu », a-t-elle souligné. En réponse à une question de L’Est Républicain, Pr Charaf a aussi mis en lumière un problème majeur : « Le nombre de pathologistes est insuffisant. Tous les chefs de services des CHU, en particulier, se plaignent du manque d’effectifs face à l’augmentation significative des cas. Et cela sans parler des hôpitaux des régions éloignées de l’Algérie, où souvent les patients pris en charge par le privé doivent revenir au CHU pour d’autres bilans et examens ».
Faouzi Senoussaoui
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