
A un moment où la planète toute entière assiste avec une immense inquiétude à la reconfiguration souvent violente des relations internationales, menée au pas de charge par les Etats-Unis, en Algérie, les réseaux mafieux, qui ont fait main basse sur la spéculation en tout genre, continuent à « jouer » avec la nourriture des Algériens, sans tenir compte des conséquences de leurs pernicieuses opérations ? Pratiques commerciales illégales, monopole et rétention entre autres, sans omettre une concurrence déloyale devenue la règle ; tout est mis en œuvre pour s’enrichir davantage sur le dos du consommateur. Café, sucre, légumes secs ou frais et même des médicament et d’autres produits de première nécessité. Rien n’échappe à la cupidité et à la recherche du gain facile de cette catégorie sans foi, ni loi, qui défie l’Etat et les principes élémentaires de l’humanisme. Récemment, c’est le prix de la pomme de terre affiché au niveau des marchés, qui a fait réagir le président de la République. « C’est une honte quand le président de la République parle de la pomme de terre », a répliqué Abdelmadjid Tebboune, lors d’une rencontre, qui l’a réuni avec les opérateurs économiques algériens. A 160 dinars le kilo, ce produit supposé à la portée des bourses modestes échappe aujourd’hui au pouvoir d’achat de millions d’Algériens, qui ne peuvent plus le consommer régulièrement en raison de son prix excessif et irraisonnable. « Le prix de la pomme de terre a atteint 150 – 160 dinars (…) Il faut réguler le marché. Que la pomme de terre augmente de 10, 20 dinars, oui. Mais qu’elle passe de 60 à 160 dinars, c’est honteux. On ne va pas importer la pomme de terre, quand même ! », a encore réagi, fortement excédé le chef de l’Etat. La situation n’a rien de normal. Elle suscite plutôt une multitude de questions ; dans la mesure où ce n’est pas la première fois que le prix de ce tubercule grimpe au « sommet ». En 2022, la pomme de terre avait atteint les 180 dinars le kg et le gouvernement avait même envisage d’importer ce produit alors que cette filière possède de nombreuses réserves de production ! Il est à rappeler que depuis toujours, toutes les conditions étaient réunies pour proposer ce produit à des prix très abordables, sans que les producteurs et les réseaux de commercialisation ne risquent la faillite. Dans son intervention, Abdelmadjid Tebboune a évoqué la nécessité d’assurer le stockage de ce produit et sa mise sur le marché entre les périodes de soudure. La pomme de terre est devenue un produit hautement stratégique en Algérie par la faute des spéculateurs. Avec les céréales, les pommes de terre sont aujourd’hui les produits les plus consommés en Algérie. A ce titre, le ministre de l’Agriculture, Youcef Cherfa, a annoncé en décembre dernier l’étude d’un projet de création d’un réseau national de chambres froides et de stockage, de petites et moyennes tailles. Les producteurs font état de coûts de production élevés, en énumérant les charges dont ils font face. Le problème de l’irrigation est cité en premier lieu. Selon le témoignage d’un agriculteur, « le coût de forage d’un puits était de 500 000 DA il y a dix ans, il est aujourd’hui de 10 millions de dinars. Et souvent sa durée de vie n’est que de deux ans. Après, il est à sec ». Faut-il signaler dans ce contexte qu’en matière de stockage de pomme de terre, les progrès sont notables, mais les techniques de cultures demeurent rudimentaires en Algérie ? C’est le cas également de la persistance du ramassage manuel.
Mohamed M
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