
En plus des conséquences diplomatiques, la brouille entre la France et l’Algérie a des conséquences dramatiques sur l’économie. Des contrats sont annulés ou compromis, tandis que des investissements prévus ne verront pas le début de leur concrétisation de sitôt. Devant l’impasse née de ces chamailleries politiques et diplomatiques, la Chambre de Commerce et d’Industrie Algéro-Française (CCIAF) tire la sonnette d’alarme. Dans un communiqué rendu public avant-hier jeudi, cette instance a rappelé que « la relation algéro-française a subi ces derniers jours un regain de tension, qui a malheureusement affecté la collaboration économique et plus spécifiquement l’investissement et le développement d’entreprises françaises de renom en Algérie ». « Nous déplorons fortement cette escalade relevant de la politique politicienne. Celle-ci intervient quelques jours seulement après la reprise d’un dialogue constructif entre les Présidents Abdelmadjid Tebboune et Emmanuel Macron, qui ont placé l’intérêt des deux nations à la hauteur des multiples liens qui les unissent », note l’organisme présidé par Michel Bisac, qui ajoute que « les liens économiques constituent un enjeu majeur à préserver et à consolider, car ils sous-tendent des liens humains et sociaux qui ont vocation à prémunir l’avenir, quelles que soient les turbulences du moment. » Selon la CCIAF, les acteurs économiques doivent « unir leurs efforts sur la concrétisation d’investissements créateurs de valeur ajoutée, dans un esprit d’intérêts réciproquement bénéfiques, à l’écart des tensions politiques actuelles. » Deux jours auparavant, le Conseil du Renouveau Économique Algérien (CREA) avait indiqué avoir renoncé à un déplacement en France, où devait se tenir une réunion avec son homologue Français, le MEDEF. La raison : le déplacement prévu à Alger de Rodolph Saadé, patron de CMA-CGM, troisième plus grand armateur mondial, a été « annulé sur instruction des autorités françaises », qui ont justifié leur recommandation par « la dégradation des relations actuelles entre les deux pays ». Le CREA a jugé « paradoxal » que les mêmes autorités françaises qui expriment « des préoccupations quant à la participation limitée » des entreprises françaises aux appels d’offres internationaux en Algérie, « prennent des mesures qui entravent les initiatives d’investissement privé. » Si aucune déclaration n’est venue éclairer la situation, des doutes subsistent sur la venue annoncée à Alger du P.-D. G. de TotalEnergies, Patrick Pouyanné, et de la patronne du géant français du gaz et de l’électricité Engie, Catherine MacGregor. Pourtant, dans le sillage du rétablissement des relations entre les deux États, début avril, un contrat entre Sonatrach et une entreprise française portant sur la fourniture de tubes spéciaux pour le transport des hydrocarbures avait été débloqué. D’autres projets, comme l’usine Renault d’Oran et d’autres investissements, demeurent cependant incertains.
Akli Ouali
Partager :